L'histoire :
Dans une campagne japonaise du XVIIe siècle, la terrible horde de Kuémon fait régner la terreur, pillant les étrangers de passage ou tuant pour quelques sous. Passant par là, un jour comme les autres, le guerrier Kaze est le témoin involontaire d'une scène de meurtre à la croisée des grands chemins. Il découvre en effet un corps gisant au sol, transpercé d'une flèche. Au moment de l'approcher, il voit un homme s'enfuir : il s'agit de Jiro, un charbonnier qui a, lui aussi, vu la victime allongée. Chose étrange, la victime n'a qu'une seule sandale et elle n'a laissé aucune empreinte. Encore plus louche : sa bourse est toujours accrochée à sa ceinture. Peu banale aussi, la volonté du magistrat Nagato d'étouffer rapidement l'affaire. Question : qui a bien pu commettre un tel crime et pour quelles raisons ? Le samouraï Kaze, pourtant en quête d'autres desseins, décide malgré tout de rester dans le district afin d'élucider ce crime étrange. Il lui faudra redoubler de vigilance face à l'ordre établi de cette campagne reculée, dominée par des brigands qui terrorisent les sociétés villageoises...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’œuvre originale intitulée La Promesse du Samouraï en français, qui est en fait une trilogie écrite par Dale Furutani, retrouve une seconde jeunesse sous la forme d'une adaptation en bandes dessinées, à mi-chemin entre le manga et le franco-belge. A la fois polar social et conte traditionnel, l'auteur Vincent Dutreuil déroule les thèmes classiques d'un récit ancré dans un Japon féodal peuplé de communautés villageoises hiérarchisées et verrouillées, où la pesanteur de l'ordre établi étouffe la soif de liberté, et où il vaut mieux respecter les conventions sociales pour s'intégrer. Il est donc question de sens du devoir et de sacrifice, de l'acceptation du destin, du fossé séparant ville et campagne, paysans et samouraïs, culture et traditions (incarnés ici par l'art Nô). Bien construite sans être révolutionnaire, l'intrigue étant un peu faiblarde, la BD vaut surtout par l'ambiance proposée et son découpage, façon pièce de théâtre, fidèle aux représentations que peut s'en faire un lecteur non averti : fusain et aquarelle sont au service d'un trait noir et épais, restituant avec subtilité le climat d'un Japon féodal où l'on sent que costumes, postures et décors ont été soigneusement travaillés. Le graphisme, enlevé et léger, intensifie la réalité de ce Japon des traditions et constitue le véritable atout de ce polar médiéval... Il n'y a aucune raison de passer à côté de cette BD plaisante et agréable à l’œil...
