L'histoire :
La vie évolue lentement et sensiblement au sein de ce même immeuble où se côtoient et s’entraident 3 foyers. Tout en haut, le jeune couple Claire et Louis enchaînent les fiestas, chez eux ou chez les potes. Ça cause drague, bière et cacahuètes… et tout le monde cherche une solution au problème Jérôme : ce pote qui râle, n’aide jamais et emballe encore moins souvent. Unis depuis le lycée, Claire et Louis connaissent toutefois une petite accalmie dans la passion de leur couple. En bas, Béatrice, la maman célibataire, se transforme en bricoleuse du dimanche, le temps de monter une nouvelle étagère. Sa petite famille s’est récemment agrandie avec la naissance de Charline et elle a bien besoin de l’aide de sa mère pour occuper le bouillonnant premier, Rémi (qui lui n’a de cesse que d’aller jouer avec son nouveau « copain » Louis, en haut. Entre les deux, Fabienne donne un bain à son dogue allemand, ce qui ne se fait pas sans peine… surtout que son mari, Jacky, dépressif et renfermé, ne l’aide pas du tout. Une nouvelle engueulade est nourrie par des emballages de soupe jetés sans avoir découpé les étiquettes qui permettent de gagner peut-être un appareil photo numérique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec le premier opus de L’immeuble d’en face, la jeune auteure Vanyda (24 ans à l’époque de sa sortie) s’était faite passablement remarquée, au point d’être nommé comme meilleur premier album au festival d’Angoulême 2004. Il faut dire que le ton de sa série était assez nouveau, non en raison du mécanisme savamment huilé de son histoire, mais pour des raisons diamétralement opposées : elle met en scène une simple vie d’immeuble en un récit chorale pétri d’authenticité. Dans ce second tome, Vanyda enfonce le clou, en magnifiant le concept. Au sein de ce petit microcosme il ne se passe toujours rien d’extraordinaire, mais les relations et les situations personnelles évoluent sensiblement, comme cela se passerait naturellement. Cerner les personnalités distinctes, pénétrer les intimités et les rapports entretenus par les membres de cette petite communauté de voisins entre eux, les rend attachants. On a envie d’être copains avec eux, de les aider, de les protéger… De fait, le plus incroyable, c’est que cette petite vie d’immeuble dans ce qu’elle a de plus banal est terriblement prenante ! Et l’air de ne pas y toucher, Vanyda partage son amour de l’humanité, de son prochain, de la solidarité. Le lecteur cautionne les décisions raisonnables, les réactions parfois retenues ou inversement enrage de ne pouvoir secouer Jérôme ou Jacky… Il rit aussi parfois beaucoup, aux quiproquos ou aux répliques inattendues ! Graphiquement, Vanyda maîtrise désormais un trait de dessin en noir et blanc plus stable et quasi définitif, toujours complété de trames de gris et de textures diverses. En outre, ses choix de cadrages varient plus, et demeurent toujours pertinents avec la distanciation nécessaire ou les postures des personnages, au diapason du naturel. En bref, la série est au parangon de son registre. Or – ô so cruel – il faudra attendre plus de 3 ans pour découvrir la fin de la trilogie…