L'histoire :
Par un bel après-midi d’été, dans une vallée de la campagne vietnamienne. Des enfants jouent avec une anguille échouée de la rivière voisine. Ils s’apprêtent à lui écraser la tête d’une pierre, quand intervient un voyageur à la tête de singe. Il ressemble à s’y méprendre au roi singe des légendes. Mong Khéo – puisque tel est son nom – fait la morale aux enfants. Les forts ne doivent pas opprimer les faibles. La souffrance est le lot de tous. Lui qui est plus fort (et âgé) les bat-il pour autant ? Mong Khéo rend l’anguille à la rivière, puis poursuit sa route. Arrivé au village, le soir venu, il s’arrête déguster une bonne soupe. Non loin de sa table, un jeune homme, cette fois, est agressé par une bande de voyous. Hésitant d’abord à s’interposer jusqu’à ce qu’il soit lui-même pris à parti, Mong Khéo administre une sacrée rouste aux voyous. Le jeune agressé file, lui, sans demander son reste, sans même un merci. La scène n’a cependant pas échappé à une vielle femme qui invite le justicier à se restaurer à ses frais. La grand-mère attend un service en retour : qu’il retrouve sa petit- fille disparue depuis deux jours déjà…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome sorti en 2009 chez Carabas, c’est aux éditions de La Boîte à Bulles que paraît la suite et la fin des aventures de Mong Khéo, le Vaurien. Une suite en forme de diptyque intégrale, dont les titres et sous-titres sont restés inchangés, sinon qu’ils ont été permutés ! Le changement d’éditeur provient-il d’un accueil public mitigé ou d'une promotion loupée ? En tout cas, le titre n’est ni raté, ni sans atouts. Il est surtout heureux que le lecteur connaisse enfin le dénouement de cette histoire rocambolesque de vieux singe redresseur de torts et expert en arts martiaux. Clément Baloup joue jusqu’au bout, intelligemment, de son personnage à mi-chemin entre Jackie Chan et Indiana Jones à la recherche du Temple maudit, une autre sorte de Baron de Münchhausen, peut-être ? Baroudeur solitaire faussement désintéressé, Mong Khéo est en tout cas « contraint » par tout un village de retrouver une jeune femme vendue à la ville par la faute de ses proches (…). Les caractères rencontrés au cours des quelques 110 pages que comptent cet album peignent un tableau saisissant d’un Vietnam d’antan, victime du pillage colonial de ses richesses par l’étranger et de la cupidité de ses habitants – paysans – coupables de trop d’ignorance. L’ambiance graphique est onirique. Les couleurs directes, chaudes et arc-en-ciel habillent un trait fin et expressif. C’est alambiqué, parfois fantasque mais toujours malicieusement tourné, comme une sorte de Ying et Yang permanent bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Pour le lecteur de bande dessinée aimant voyager, ce Vaurien est à (re-)découvrir, séduisant par son exotisme et sa perspicacité.
