L'histoire :
19 septembre 2017, tribunal correctionnel de Toulouse. Lors d'une audience, Maître Padonou souhaite partager un extrait de l'émission Zone Interdite, en date du 19 janvier 2014. Malgré les protestations de la partie adverse, la présidente autorise la diffusion de cette vidéo sur écran. On découvre le quotidien et les conditions de vie dans un centre d'éducation d'enfants handicapés : absence de toilettes, dortoirs vétustes, manque de personnel et mauvais traitement... Deux éducatrices qui ont osé parler ont été poursuivies en diffamation et condamnées à verser 5 000 € de dommages et intérêts à l'Institut Médico-Éducatif. Les images sont bouleversantes, d'autant plus que l'équipe d'investigation pénètre dans le garage des centres, avec deux Ferrari et une Bentley recensées. L'avocat du centre tente de prendre la parole, sous les tollés du public présent. La Présidente demande le silence ou elle fait évacuer la salle. L'audience continue...
Nérac, Lot-et-Garonne, 2008. Céline Boussié demande à ses enfants, Jade (4 ans) et Héloïse (8 ans) de s'habiller et d'être prêts à bondir dans la voiture : elle va les emmener à l'école. Elles les dépose et leur dit qu'elle ira les chercher le soir à 17h30. Après, elle file à son travail : ouvrière agricole dans une serre de tomates. Elle ne s'épanouit pas, mais elle n'a rien trouvé d'autre. Son truc à elle, c'est plutôt d'aider les autres...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2023, la Boîte à bulles s'est lancée de toutes ses forces dans la dénonciation des systèmes en misant sur un élément dénonciateur majeur : les lanceurs d'alerte. Ces individus méritent toute notre reconnaissance, car ils n'hésitent pas à mettre en danger leur avenir pour être raccord avec leurs idéaux. Il faut dire que la médiatisation via divers contenus et émissions (Complément d'enquêtes, Zone Interdite, Envoyé Spécial...) a libéré la parole, permettant à la justice de s'emparer de ces affaires. Le combat de Céline Boussié est admirable car elle souligne une triste réalité dans l'IME où elle travaille : personnel insuffisant, conditions d'hygiène déplorables, traitements indignes. Quand elle dénonce la situation, c'est l'engrenage : sanctions financières, menaces, vandalisme. Ferenc propose un récit coup de poing, en mode reportage. Tout commence dans le meilleur des mondes, avant de basculer dans l'horreur absolue (les scènes dessinées par François Sanz sont saisissantes et font froid dans le dos), pour enfin finir sur une bonne note. Mais le calvaire subi par la lanceuse d'alerte est à la hauteur de celui subi par les résidents de l'IME : un long chemin de croix. On avait tendance à mettre la poussière sous le tapis dans des temps reculés. On s'aperçoit qu'aujourd'hui, tout éclate au grand jour. Et tant mieux !
