L'histoire :
Québec, 1970. Jason Picard, 14 ans, arrive encore en retard en classe de littérature. Après avoir été une nouvelle fois impertinent avec le prof, ce cancre s’assoit parmi ses camarades pour un cours sur la notion de héros. A la sortie des cours, Jason course et rattrape Laurent Lessart pour lui casser la figure. La mère de Laurent, Aline, est en effet une tête de pont syndicale qui lutte pour la survie (ou non) du grand hôtel Champlain de la ville de Québec. Les tensions sont vives au sein des salariés. On s’interroge vivement sur l’opportunité de se mettre en grève. Parmi eux, figure le père de Jason, un gars un peu violent d’origine huron (indienne). Lorsqu’il casse la figure à Laurent, Jason exerce une sorte de racket pour voler à son camarade le personnage de héros que ce dernier a inventé dans le cadre de son devoir de Français. Ce héros s’appelle Hydroman, il est super fort. Il se nourrit des éclairs du ciel depuis qu’il a été électrocuté sous un pylône en plein orage. Il ne faut pas s’étonner que ce héros imaginé par Laurent ressemble beaucoup à l’histoire funeste de son père, qu’il n’a jamais connu – un sacré pipeau que sa mère lui raconte depuis qu’il est tout petit ! De fait, avec l’aide bienveillante du voisin, le discret Mr Lebrun, Laurent doit inventer un nouveau héros. Et pourquoi pas un héros indien, tiens ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot édité par les canadiennes éditions de la Pastèque prend pour contexte la situation sociale du Québec, au début des années 70, entre héritage de la bi-colonisation française et anglaise, et tensions indépendantistes… Mais si elle est abordée, la question politique n’est pas précisément le propos de fond. Automne rouge, qui aurait aussi pu s’appeler Eté indien, fait plutôt un parallèle entre une lutte syndicale menée par le monde des adultes, et son corollaire sur le comportement de leurs enfants adolescents. Le recours à l’imaginaire des super-héros – avec un petit cours sur la notion de héros – semble utile et salutaire. En marge de ces affaires, le scénario d’André-Philippe Côte met aussi en scène un secret de famille qui se dévoile, un trafic de drogue, un crime terrible… Il se passe décidément beaucoup de choses entremêlées, suivant une narration presque chorale, sans qu’on distingue avant la fin laquelle sert d’intention première. Il semble que le super-héros Hydroman soit une métaphore de l’unité du Canada… mais rien n’est moins sûr. Richard Vallerand met quant à lui en scène cette chronique familio-socialo-policière à l’aide d’un style de dessin dynamique, moderne et maîtrisé, rehaussé d’une colorisation tempérée.
