L'histoire :
A la mort d’un milliardaire américain, un puissant cabinet d’avocats anglais écope du règlement de sa succession, une coquète fortune estimée à plus de 400 millions de dollars. La tâche est lourde, car d’une part l’homme avait une fille bâtarde en France, Mélanie, qui se trouve aujourd’hui enfermée au sein de la très dangereuse secte Obédia ; d’autre part, la bénéficiaire initiale de l’héritage, Crystal Thorpe, a envoyé des tueurs pour faire le ménage. L’affaire est confiée à Ava Dream, une jeune et ambitieuse avocate, qui doit improviser sur place, en compagnie de deux détectives français de seconde zone. Un plan un peu bancal d’infiltration est alors mis au point : Ava s’arrange pour se faire recruter, puis contacte et explique la situation à Mélanie, avant de s’arranger pour s’évader ensemble. Mais à l’intérieur de la secte, les problèmes s’accumulent : Ava doit s’inventer un trouble psychologique crédible, accepter l’affligeant discours en vigueur, supporter le harcèlement sexuel du grand gourou et, pour couronner le tout, elle a oublié le chargeur du téléphone portable qui doit lui permettre de contacter ses petits détectives ! En outre, ces derniers tombent entre les mains des tueurs à la solde de Thorpe. Seul atout : 3 barbouzes de la milice privée d’Obédia ont commis un délit de fuite lors d’un banal excès de vitesse, blessant mortellement un gendarme au passage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin du (premier ?) diptyque d’Ava Dream. Cette héroïne avocate distinguée se trouve embarquée malgré elle dans une affaire périlleuse et mouvementée d’héritage, dont elle se sort tant bien que mal, jouant tantôt d’improvisation, tantôt du truchement providentiel de contingences qui la dépassent. Car par deux fois, elle se trouve dans le viseur d’une arme à feu, et par deux fois, la cavalerie arrive in extremis. Au-delà de la présentation de l’héroïne, le scénario d’Erik Arnoux a surtout le mérite de focaliser de manière crédible sur le mécanisme des sectes, évidemment affligeant vu de l’extérieur et pourtant terriblement piégeant pour les victimes. La vulnérabilité des âmes perdues qui s’y laissent absorber se trouve hélas contrebalancée par les calculs immondes des gourous. Cependant, à trop insister sur cet aspect – les regards et les suspicions entre membres de la secte, la fausse piste et la menace permanente d’être démasquée – le scénariste délaisse un peu le fond de l’affaire. Tout se démêle in extremis, dans les deux dernières planches, oubliant au passage de résoudre l’intrigue de la « taupe » au sein du cabinet d’avocats. L’ensemble est néanmoins convenablement rythmé et très agréable à suivre. Le dessin d’Alain Queireix contribue aussi pour beaucoup au plaisir de la lecture, s’appuyant sur des encrages réalistes finement détaillés et élégants. Y’aura-t-il un second diptyque d’Ava Dream ?