L'histoire :
Par une moite journée d’été, la jeune et distinguée avocate londonienne Ava Dream débarque de son TER dans une petite gare locale en région de Bordeaux. Elle croit alors halluciner : son comité d’accueil est composé d’un duo de détectives loosers de catégorie Z… Jean-Joseph Targon-Mestral est gros, gras, poisseux avec le regard libidineux fixé sur sa poitrine ; son adjoint Samir semble à peine sorti de sa banlieue. Heureusement, elle n’est là que pour 2 jours, le temps de régler une simple histoire de succession pour le compte de son cabinet. Bizarrement, sans autre explication, ce duo louche l’emmène dans un coin paumé de campagne, observer à la jumelle une bastide remplie de bonzes en soutanes, gardée par une milice armée. Ils lui expliquent alors que l’affaire est bien plus complexe qu’elle n’en a l’air et que ses patrons anglais ne lui ont pas tout expliqué par le menu. En effet, suite au décès récent d’un magnat texan du pétrole, c’est sa fille « bâtarde » Mélanie qui doit hériter de sa fortune. Or, ignorant tout de ce statut, celle-ci s’est faite embrigadée par une secte très dangereuse, Obedia. En rage de s’être fait piéger par une affaire aussi tordue, Ava commence par refuser toute collaboration. Mais après une nuit de réflexion, son ambition professionnelle a repris le dessus et elle accepte de se laisser embrigader par la secte pour évaluer une possible exfiltration…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ava Dream se présente comme un thriller en diptyque, classique mais efficace. Il s’agit d’une affaire de succession complexe, emmenée par une héroïne de charme et de grande classe, avocate de profession et aventurière dans l’âme. Une solution éditoriale (de plus en plus souvent employée) consiste à sortir les deux premiers tomes de concert. Ainsi la série a le temps de s’installer, tout en satisfaisant les lecteurs qui n’ont pas à attendre la sortie du second tome pour se décider à investir. Et pourtant, le contexte met du temps à se mettre en place. Dès que notre belle Ava débarque en France, elle est manipulée, sans qu’on sache par qui, ni pourquoi. On comprend alors que les auteurs préfèrent consacrer un vrai temps de latence, quelque peu décalé par rapport au genre thriller, pour privilégier l’exposition psychologique des personnages. Le scénariste Eric Arnoux en profite pour nous rappeler la piètre image véhiculée par les français, comparée aux normes distinguées so british. Puis soudain, tout est expliqué, limpide et parfaitement mis en place pour un thriller réaliste assez prenant. Cette équipe bancale, composée d’Ava et des deux détectives de seconde zone, s’avère alors attachante et soudée. Et l’enjeu de leur mission est tendu par différents niveaux d’ennemis, dont l’hostilité n’est pas négligeable. En ce qui concerne le graphisme, on n’avait plus revu Alain Queireix depuis la fin de Celadon Run, en 2004 (déjà aux côtés d’Arnoux). Ce laps de temps trouve un début d’explication dans le degré de finition apporté au cadre réaliste de cet épisode pilote. Décors et personnages sont peaufinés, le dessinateur n’a pas ménagé sa peine ! Evidemment, les allergiques aux dessins réalistes passeront leur chemin ; les autres se régaleront. Le tome 1 refermé, on enchaine immédiatement sur le tome 2, pour le dénouement…