L'histoire :
Une cohorte romaine se déplace en territoire picte, en l'an 84 de notre ère. Elle fait halte dans un village modeste de cette terre conquise pour y collecter de force de la nourriture. Les quelques habitants qui tentent de s'opposer sont violemment réprimés, les épées romaines tranchent et assassinent sans pitié. Le calme semble s'être imposé quand les soldats reprennent leur chemin. Le quotidien des centuries est rythmé par les bivouacs du soir, la formation des bleus, les abus de pouvoir des gradés. Lorsqu'un soir un jeune soldat reçoit l'ordre d'apporter un bol de soupe à celui qui tient la garde, il découvre que ce dernier est surnommé « le picte ». Il n'obtient pas de réponse de cet homme imposant et silencieux sur la raison de ce surnom. En prenant son bol en main, le garde muet découvre un rat bouilli dans son bol. Il l'attrape avec deux doigts et le mange devant les yeux écarquillés du soldat. Dans les jours qui suivent, le picte va montrer ses talents de combattant, sauver la vie de gradés lors d'attaques dans le brouillard. Il semble être un soldat romain fiable, mais ses pensées sont ailleurs.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Infatigable, Hermann nous gratifie d'une nouvelle série, juste après la fin de Duke, qui ne restera pas dans les mémoires. Le personnage principal est cette fois un soldat romain aux origines incertaines, dont les pensées secrètes en voix off contrastent avec son physique massif, sa force brutale. Ce premier épisode est construit sur mesure par Yves H pour les talents graphiques de son père. Les paysages embrumés des terres écossaises succèdent aux scènes de violence dominées par le rouge sang. Même si certains moments sont assez obscurs, dessinés à main levée par un artiste pur, avec quelques imperfections qui sautent aux yeux : qu'est-ce qui se passe exactement avec ce villageois tranché d'un coup d'épée en page 6 ? Difficile à dire, même si ça semble faire très mal. Cela dit, le magnifique lever de soleil sur un champ de bataille silencieux, quelques pages plus loin, nous confirme que la virtuosité est toujours là. Sous-tendu par une tension continue, ce premier volume est plutôt réussi. Il se termine par une vraie ouverture sur la suite. C'est donc un bon démarrage, dont on espère qu'il se poursuivra sur le même ton, avec un personnage fort dont les mystères seront peut-être dévoilés dans les tomes suivants. Welcome back la Hermann family, un duo qui s'appuie sur un artiste légendaire, cherchant simplement à perpétuer son impressionnant travail d'artisan singulier du neuvième art.