L'histoire :
Jesuino, le fils un peu attardé du vieux Da Rocha, a volé une chèvre au Senhor colonel Aristarco y Souza, un grand propriétaire terrien de la Caatinga, région aride du nord-est du Brésil. Le lendemain, Diamantino, le frère de Jesuino, découvre son père mort au milieu de ses vaches. De rage, il tue, avec Mané, le dernier de la fratrie, quelques uns des hommes du colonel. La réaction du propriétaire ne se fait pas attendre. Quand les deux frères rentrent à la maison, un spectacle atroce s'offre à leurs yeux : leurs parents ont été massacrés, violés, et leur ferme est en cendre ! Mais cela ne suffit pas au colonel, qui envoie à leur trousse une bande de « volantes », sa police personnelle. La traque commence. Les deux frères s'enfuient dans le désert, la mort dans l'âme, quand leur route croise celle du capitao Clovis Mendès, chef d'une bande de cangaceiros, à la tête d'une troupe de paysans révoltés par l'injustice régnant dans le pays. Mais eux-mêmes sont poursuivis par l'armée du gouvernement. Leur seule chance de salut est désormais la fuite. Et la seule issue possible est un défilé mortel, dont peu sont sortis vivants par le passé, et où règne, le jour, un soleil de plomb, et la nuit, le froid le plus glacial...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La réédition en grand format de ce chef-d'œuvre d'Hermann, dans la collection Signé du Lombard, est une bonne occasion d'en apprécier de nouveau les multiples qualités ! Réalisé avec sa fameuse technique reconnaissable entre toutes de couleur directe, l'auteur propose avec Caatinga une fresque rude et sauvage d'un épisode peu connu, mais ô combien violent, de l'histoire du Brésil. Dans les années 1930, des légions de paysans se révoltaient contre l'oppression de propriétaires terriens abusant totalement de leur pouvoir pour asservir les masses. S'ensuivirent des combats ou chacun des deux partis rivalisaient de cruauté pour décourager leur opposant. Hermann reproduit ici parfaitement l'univers aride de la Caatinga avec un graphisme sec, poussiéreux, dans des tons oscillants entre l'ocre et le jaune presque blanc. Au fil des pages, ses planches sont baignées d'une lumière qui illumine presque le visage du lecteur. Une impression de chaleur et d'oppression climatique s'en dégage constamment, atteignant un paroxysme lors de la traversée du désert des troupes de Clovis Mendès. Mais ce climat étouffant s'accompagne de situations humaines encore plus violentes : viols, meurtres, exécutions sommaires sont quelques unes des méthodes employées par l'une ou l'autre des factions en présence. Avec une logique implacable qui tient presque de la fatalité, Hermann amène petit à petit son personnage principal dans la situation la plus extrême. La révolution dans toute son horrible splendeur.