L'histoire :
El Spectro voit la montée en puissance d’un grand combattant de Lucha Libre : le Crâne Noir. Violent et sans pitié, « El Rudo » gagne tous ses combats et arrache sans vergogne les masques de ses adversaires. Ce qui devait arriver arriva : El Spectro doit affronter Crâne Noir ! El Spectro l’emporte difficilement, au cours d’un combat rude et équilibré. Il parvient toutefois à arracher le masque de Crâne Noir, qui révèle le visage d’un homme hideux et difforme. Honteux et humilié, le Crâne Noir se suicide, préférant la mort que la disgrâce. El Spectro est interrogé à la télévision sur cette fin tragique, mais il refuse de se sentir coupable : il n’est pas responsable du suicide de son rival. Pourtant, un homme qui regarde la télévision au même moment se jure de se venger. A ce moment, El Spectro se diversifie et se met à la course automobile. Rapidement, un étrange rival va se placer en face de lui : il a le même masque que Crâne Noir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Retour du (super) héros au masque de catch. Cette fois, le scénariste ne verse plus dans la parodie des feuilletons des années 60 mais « s’attaque » à la bande dessinée. En effet, cet épisode est un pastiche des bandes dessinées de Jean Graton (entre autres multiples références). Tous les ingrédients de la célèbre série Michel Vaillant sont présents : courses épiques, références mécaniques, moments de liesse et de dangers, jolie fille, duel fratricide à la limite de la mort… L’apparition de Crâne Noir, le double maléfique d’El Spectro, est une réécriture nette de l’album Le pilote sans visage où Michel Vaillant doit affronter un coureur mystérieux et criminel, proche d’un spectre habité par la vengeance. La parodie de cette série automobile est également assurée par un dessin qui singe le style de Jean Graton, jusqu’à ses moindres détails : plan d’ensemble sur les paysages de courses, grandes cases pour présenter la ligne de départ, représentation ciselée des voitures, couleurs vives et flamboyantes… même les encadrés narratifs sont proches de Michel Vaillant. Rarement un dessinateur moderne aura si bien su reprendre le style d’un auteur plus ancien, tout en gardant une modernité bien vivante. Le fameux Michel Vaillant est d’ailleurs présent dans l’album et affronte lui-même El Spectro dans la célèbre course de Monte Carlo… Autre clin d’œil : les soldats du colonel Guerrero ont un peu les mêmes uniformes que ceux du Dictateur et le Champignon, dans Spirou et Fantasio. Les emprunts au 9ème art sont d’autant plus loufoques qu’on voit les deux personnages principaux (El Spectro et Crâne Noir) doublement masqués par leurs masques de catch et leurs casques de pilote ! L’affrontement entre les rivaux se double d’un sujet moderne : l’écologie. Le moteur d’El Spectro est en effet d’une technologie avancée : le premier moteur écologique. Tandis que la course ultime, la Trans-Amazonie, se mue en combat entre le progrès industriel (les voitures de course) et la nature (la forêt amazonienne). Au final, on passe un bon moment de divertissement dans cette aventure trépidante du catcheur mexicain, même si le classicisme du scénario ne surprend guère. Pour les amateurs d’une bande dessinée désuète qui se fonde sur l’évasion, l’exotisme et l’aventure...