L'histoire :
El Spectro, le célèbre catcheur de Lucha Libre, qui ne quitte jamais son masque, est décidément un grand héros. Il a suffi qu’un avion s’écrase sur l’Aconcagua pour qu’il soit le seul à voler au secours des rescapés. Il ramène ainsi à la civilisation la championne d’échec Marina Topalov, et en profite pour mettre minable le yéti local, l’Ukumar. Une semaine après son retour, il remporte encore le dernier match de la saison de catch, contre le redoutable El Caliente. Puis ce sont enfin quelques vacances méritées, qu’il passe sur la Riviera espagnole en compagnie de… Marina Topalov ! Entre plateaux de fruits de mer et interviews de journalistes, il ne se doute pas qu’un nouveau danger les guette. Ainsi, alors qu’il sirote un cocktail au bord de la piscine, il aperçoit trois ninjas qui se déplacent incroyablement sur la façade au dernier étage de son hôtel, jusque dans la chambre de Marina ! El Spectro bondit et déboule illico dans sa chambre. Il combat ces individus qui s’apprêtaient à la kidnapper, arrache une cagoule au passage, laissant apparaître… une tête de mouche ! Il ignore alors qu’il a affaire à des mutants génétiquement modifiés, intéressés par le quotient intellectuel exceptionnel de la jeune femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les premières BD de l’année 2011, cet El Spectro semble avoir connu les affres d’une faille spatio-temporelle de 50 ans. En effet, le scénariste Frédéric Antoine met ici en scène les aventures pour le moins rocambolesques et limite parodiques, d’un catcheur dont émane d’emblée une puissante aura. Il tient du super-héros, avec ce masque qu’il ne quitte jamais et son irrésistible besoin de voler au secours de la veuve et de l’orphelin. Mais un super-héros sans super pouvoir, hormis celui de se sortir des pires situations sans une égratignure (et de se remettre d’un ligament froissé en moins d’une semaine). Dès la première page, on comprend qu’il ne sera jamais inquiété : d’une pirouette, El Spectro s’extraira de toutes situations, et avec la manière, en saluant le public au passage. Néanmoins, assumer pleinement une connotation de série B désuète ne suffit pas à s’affranchir de ses effets grand-guignolesques. Ce premier tome est tout au plus divertissant, mais il aurait été évidemment plus convaincant s’il était paru dans les années 60. Saluons tout de même le rythme narratif ad hoc, qui permet d’enchainer rapidement les séquences sans délaisser les dialogues, et donc de fournir un premier volet d’une juste densité. Pour sa première aventure, le catcheur débusque, dans son nid d’aigle, un savant fou qui crée des créatures mutantes. Le dessinateur Yves Rodier montre quant à lui une verve graphique semi-réaliste très classique, parfaitement dans le ton, et surtout incroyablement maîtrisée ! Notons aussi au passage la couverture jouissivement kitch, respectant les normes graphiques (et la typo) de l’époque (on la croirait sortie d’Archie cash).