L'histoire :
C'est la rentrée des classes à l'Institut de l'Excellence, une école privée située sur une ile méditerranéenne. Un bateau amène son lot de nouveaux élèves, accueillis par un directeur ultra strict, dont le discours autoritaire laisse peu d'espoir aux étudiants. Un règlement intérieur très rigoureux s'imposera à tous, qui bannit toute forme d'excentricité, tandis que l'ambition affichée de l'établissement semble être de former une élite soudée, secrète et obéissante. Pour débuter l'année, les anciens élèves organisent un rituel d'accueil, une sorte de bizutage qui ne porte pas son nom, mais un passage obligé pour tous ceux qui souhaiteront s'intégrer à ce réseau en devenir. Parmi les nouveaux arrivants, quelques personnalités sortent du lot : Bastien et ses dreadlocks, Hina la jeune Maorie aux cheveux teints en bleu, ou plus simplement Boris, un grand plutôt costaud, originaire du Jura. Parce qu'ils refusent l'embrigadement sans explication, parce qu'ils se posent des question sur Valérie, une jeune fille qui semble traitée différemment, ils vont s'attirer les foudres de Franck, élève de deuxième année promu président du rituel d'initiation. Petit à petit, leur isolement va s'accentuer, tandis que les indices de secrets cachés vont petit à petit se faire jour, révélant l'inavouable...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs des Démons d'Alexia se retrouvent pour une nouvelle série qui démarre sur les chapeaux de roue, emmenée par des personnages solides avec de vraies personnalités. Sur un ton résolument grand public, le suspense qui se construit autour des jeunes ados isolés du groupe est implacable, rythmé par des révélations amenées avec précision et sans aucun faux pas. Tout est limpide et mystérieux à la fois, servi par une mise en scène percutante, qui nous offre quelques scènes superbes, comme cette planche 23 aux couleurs bleutées sous la lumière de la lune. Evidemment il s'agit d'une série pour tout public, construite à la manière de Seuls, par exemple, pour plaire aux enfants et ados qui se retrouveront dans ces mystères autour d'une école oppressante. Mais les adultes amateurs de récits bien foutus y trouveront leur compte, Ers et Dugommier démontrant avec ce démarrage en trombe qu'ils sont capables de produire un récit original et prenant, dans le plus pur style franco-belge. Les deux complices semblent atteindre ici une harmonie parfaite dans le duo scénariste-dessinateur. Les premières pages de l'album en particulier sont de toute beauté, rappelant l'esthétique exigeante des albums de Spirou et Fantasio. Une très bonne surprise à découvrir en ce début d'année, même si pour cela il faudra franchir le pas d'une couverture un peu épurée, qui ne rend pas vraiment justice à la qualité visuelle de l'album...
