L'histoire :
Perdu au fond d'une prison russe, caché derrière un anonymat de façade, le milliardaire Viktor Koralovski trouve un moyen inespéré de s'échapper. Alors que débute une altercation avec l'un des prisonniers les plus endurcis, l'établissement est attaqué par des hélicoptères qui viennent hélitreuiller un détenu et l'emportent. Au moment où l'hélicoptère se pose sur un bateau amarré à quelques encablures de là, un missile est lancé vers la prison, qui est complètement détruite. Viktor a eu le temps de s'échapper en compagnie d'un journaliste lui aussi détenu. Ils croisent le troisième rescapé de l'attaque, qui leur propose de marcher en direction de la frontière finlandaise proche. Pendant ce temps, à Berlin, Anika poursuit son enquête journalistique sur le milliardaire, condamné parce qu'il causait du tort au régime du président Khanine. Ayant construit sa fortune aux débuts de la privatisation massive des entreprises soviétiques, Kovalovski a eu le tort de devenir l'homme le plus riche du pays. Défenseur de causes qui n'ont pas l'assentiment du dirigeant autoritaire, très populaire dans son pays, il constituait un rival que Khanine ne pouvait tolérer. Quelle est alors la raison de l'attaque de la prison ? Qui est le prisonnier que les commandos en hélicoptères voulaient libérer ? Quelle est la teneur des révélations extraordinaires qu'Anika est prête à rendre publiques ? Dans les rues de la capitale allemande, un homme se fait renverser par une voiture devant les yeux de la jeune femme. Son corps est entouré d'un étrange treillis de fils métalliques...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel plaisir de voir une nouvelle série démarrer sur de tels chapeaux de roue. Impossible de reprendre son souffle avant, au mieux, la page 12 de ce premier volume. De manière très temporaire puisque, ensuite, c'est le cerveau du lecteur qui mouline en se demandant où va nous emmener ce suspense remarquablement séquencé. Les enjeux internationaux, le portrait en creux de Poutine qui cherche à liquider ses opposants, une découverte sensationnelle sur les réserves de pétrole, tout cela donne une vraie puissance contemporaine à ce divertissement grand-public. Avec une résonance particulière, puisque l'album sort au creux d'une période étonnamment basse du prix du baril de brut, qui est un élément clé de l'intrigue qui débute. Belle coïncidence pour Philippe Gauckler, scénariste et dessinateur, qui réalise un album solo aussi distrayant que documenté, après une dizaine d'années d'absence au sein du 9ème art. A la manière d'un Jean Van Hamme qui prend soin de faire circuler Largo Winch dans des sphères financières crédibles, Gauckler appuie son suspense sur des tensions internationales éminemment réalistes. Il a travaillé et digéré son sujet, et en restitue très habilement les enjeux. Son dessin semi-réaliste n'est certes pas fait de prouesses techniques, mais il tient parfaitement la route, comme celui de ses confrères franco-belges (tendance belge) André Taymans ou Philippe Berthet. Il fait preuve d'un savoir faire impressionnant pour enchaîner les phases de mise en place, et nous laisser surpris, mais ravis, à la dernière page de cette entrée en matière réussie. Koralovski est une très chouette surprise de ce début d'année, une série au potentiel de blockbuster.