L'histoire :
Dans les années 70, un gang de braqueurs terrorise les routes américaines à bord d'une « Phantom », une rutilante voiture de sport ornée d'un visage chromé en son pare-choc. Brockowsky et Jerry, deux vétérans de la police, inséparables partenaires, croient lui avoir tendu un guet-apens, lorsqu'ils tombent eux-même dans un piège, s'encastrant sous un camion au détour d'un virage. Gravement blessé, Jerry doit quitter la police. Le chef de la Highway Patrol attribue alors à « Brock » un nouveau coéquipier, en la jeune personne de Albibiade Russel, beau gosse et fils de milliardaire. Le premier contact entre les deux hommes manque de tourner au vinaigre, en raison de leurs comportements semblablement machistes au volant... Pourtant, dès lors qu'ils bousillent ensemble leur première voiture de patrouille, en poursuivant la Phantom après un braquage, le lien se crée. Leur chef leur attribue néanmoins une nouvelle voiture de patrouille, les sermonnant vigoureusement au passage (ils ont aussi détruit une cabine téléphonique). Étant donné que leur enquête piétine, ils prennent contact avec Jerry, qui s'est mis à son compte et rumine sa vengeance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'origine de cette série, le dessinateur Christian Denayer et le scénariste André-Paul Duchâteau, déjà partenaires sur la série Yalek, papotent en janvier 1973 dans un train entre Bruxelles et Angoulême. Denayer avoue alors à Duchâteau que son rêve secret est de pouvoir jouer au cascadeur avec les carrosseries rutilantes des belles américaines que l'on voit au cinéma (notamment dans Bullit). Or, cette envie trouve un écho plus que favorable chez Duchâteau, qui rêve également de raconter des histoires limite parodiques, dans le genre des films d'action à gros budget, avec des poursuites en bagnoles à chaque page. La série des Casseurs était née : peu importe la crédibilité du scénar, peu importe la psychologique des personnages, pourvu qu'on puisse se repaître d'un feu d'artifice de taules froissées, de moteurs explosés, de pare-brises en miettes, de roues déjantées... A mi-chemin entre Starsky et Hutch et Laurel et Hardy, le couple de héros est d'ailleurs lui-même hautement improbable : le jeune dandy, fils de milliardaire, et le vieux polak, bougon et crado... et leurs relations sont rarement au beau fixe. Cette première intégrale des trois premiers tomes donne le ton. Dans Phantom, après une exposition rapide (très rapide !) du contexte et des héros, alors qu'ils poursuivent vaguement un gang de braqueurs, Al et Brock bousillent 6 voitures, 3 camions, 1 camionnette, 1 bus et 1 cabine téléphonique. Dans Sabotage à Fort Tempest, en marge des accidents de bagnoles et de camions d'usage, ils passent aux motos, aux buggys, aux jeeps, aux hélicos et aux chars d'assaut ! Dans Opération Mammouth, on compte 17 accidents en vrac, dont un avec un caddy et un autre avec un hors bord. Si cette première intégrale permet de constater le fossé abyssal entre la narration d'aujourd'hui et celle d'il y a 35 ans, elle permet surtout de suivre les premiers pas de deux auteurs toujours en activité aujourd'hui. En effet, Duchâteau enquille toujours les Ric Hochet, tandis que Denayer ne démérite pas sur Wayne Shelton. Au regard du concept de la série, le scénariste ne se foule pas trop, tandis que le dessinateur montre déjà une belle maturité et spontanéité de trait réaliste, malgré d'énormes erreurs de proportions. A noter enfin que chacune des 7 intégrales sera accompagnée d'un cahier spécial de photos, de documents et de dessins inédits.