L'histoire :
En se sacrifiant une seconde fois pour tenter de sauver son amie Hildebrün, Kriss de Valnor a obtenu des Dieux le droit de retrouver la vie. Sa nouvelle destinée n’a pas tardé à la rattraper en lui mettant entre les mains un bâton de commandement. Ce sceptre, objet de multiples convoitises, lui a permis, dans un heureux jeu de circonstances, de monter sur le trône du Nord Levant. Et surtout, de le ravir à un autre prétendant, Taljar Sologhonn, le Roi Guérisseur. Bien que portant le masque, cet homme n’a pas tardé à être reconnu par Kriss. Le temps presse, la nouvelle Reine doit asseoir rapidement son autorité. D’autant qu’elle nourrit le projet de gouverner tous les Vikings du Nord (tout comme Taljar) et que l’Empereur Magnus et ses armées sont aux portes du royaume. Aussi a-t-elle réuni ses vassaux au château pour recueillir leur allégeance, mais surtout récolter leur or pour constituer une grande armée. Des voix s’élèvent rapidement, calmées par le poignard de la Reine et le sens diplomatique de Konoag, un seigneur qui semble particulièrement approuver les projets de sa nouvelle Souveraine. Pour calmer les esprits, Kriss convie ses hôtes à un festin. Elle n’oublie cependant pas d’ordonner à ses lieutenants de veiller à ce que les portes restent bien fermées, pour éviter que ses vassaux n’aient l’idée de bouder son invitation. Pendant qu’ils festoient, elle s’enquiert auprès de ses conseillers pour connaitre les attributs nécessaires pour prétendre au trône de Roi ou Reine de tous les Vikings du Nord. On lui indique qu’il lui faut être de descendance noble, se prévaloir de faits d’armes démontrant son courage, de qualités humaines dignes d’un Roi. Enfin, pour un homme, de porter barbe et pour une femme, d’avoir enfanté. Kriss ne remplit pas toutes les conditions. Aussi demande-t-elle à ses conseillers ce qu’il adviendrait si aucun prétendant ne remplissait ces conditions. En attendant, elle rend visite au Roi Guérisseur, une vielle connaissance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le cliffhanger final (diablement bien amené) du tome 3 propulsait à la fois Kriss de Valnor sur le trône du Nord Levant, tout en nous révélant qu’elle avait parfaitement compris qui se cachait derrière le masque du Roi Guérisseur. De quoi faire rugir notre estomac pour cette suite attendue. D’autant que, désormais, Kriss semble totalement libre et en particulier du sort que lui avait réservé Jean Van Hamme dans l’opus 28 de la série-mère. On saluera entre parenthèses la maestria d’Yves Sente pour nous avoir fait avaler la pilule avec crédibilité en un joli cadeau. Car ne le cachons pas plus longtemps : après avoir balayé en deux tomes les moyens de ramener notre belle guerrière dans la partie, Sente confirme sa volonté de mener ce « spin-off » en parallèle de la saga mère. En somme, il s’agirait plus désormais d’un « pendant que… », plutôt qu’un « monde de… ». Intention doublement confirmée par l’incursion intelligente dans le présent récit de 4 pages (19 à 22) résumant les tomes 30 à 33 de la série principale et d’une page post-récit qui présente l’agencement de Thorgal avec ses séries dérivées, Kriss de Valnor et Louve. Pour la faire courte, les 3 séries devraient se rejoindre au tome 36 de Thorgal, le temps de se gaver de 4 albums des autres séries. Faut-il voir pour autant dans ce jeu jubilatoire qui croise et entrecroise (avec brio) ou ajoute de nouvelles saveurs à notre gros bonbon, le seul intérêt de suivre le périple de Kriss de Valnor ? Absolument pas ! Ce 4éme chapitre en est la preuve, qui happe largement, au regard d’une intrigue toujours classique mais parfaitement maîtrisée. Car outre les ponts avec la saga originelle (qui font toute la saveur de l’exercice pour les afficionados), isolément l’intrigue mise en place depuis l’opus précédent se révèle très efficace. L’ensemble s’anime autour de la conquête du trône des Vikings du Nord convoité par Kriss, le Roi Guérisseur (allez-vous savez qui c’est, non ?) et l’Empereur Magnus. Retrouvailles, traîtrises, alliances, ruses des uns, naïveté ou jalousie des autres, se chargent du rythme. Puis nous confient à un nouveau cliffhanger : une petite astuce trouvée par notre jolie guerrière pour parvenir à ses fins… Bref, de l’excellent travail – parfaitement mis en musique par le trait acéré de Giulio de Vita – qu’il s’agisse d’épaissir la saga principale ou de proposer un récit d’action ou « d’intrigue de trône » fort divertissant.
