L'histoire :
Les Dieux de l'Olympe ne sont plus tout à fait ce qu'ils étaient, puisqu'ils ont du prendre apparence humaine et se résoudre à vivre parmi nous. Chacun a trouvé un rôle dans la société moderne, à la mesure parfois de ses pouvoirs anciens, mais sans le prestige ni l'aura de la mythologie. Poséïdon fait partie de ceux-là, désormais limité dans son évolution sous les eaux, terriblement humain dans ce besoin de remplir d'air ses poumons. Lorsque, nageant parmi les dauphins, il voit l'un d'entre eux traversé par un harpon, il remonte sans hésitation vers la surface pour venger l'animal. Pour constater qu'il vient de tomber dans un piège tendu par l'ennemi qu'il a lui-même tenté d'éliminer quelques décennies plus tôt. Il sera achevé sans pitié par un agresseur armé soutenu par un véritable commando sous les ordres du mystérieux Thymos. Quelques jours plus tard, Hermès va se rendre dans le sublime palais de Dionysos, qui a fait fortune dans le négoce et les trafics en tout genre. Il va tenter de convaincre celui qui fut le Dieu de la vigne de rejoindre ses anciens congénères de l'Olympe, pour résister à celui qui a visiblement décidé de les décimer. Dans le trajet en avion qui les mène vers le rassemblement des survivants, Hermés explique comment des siècles d'histoire ont été jalonnés par des événements dont le seul but était de tuer l'un des leurs. Le précédent étant Héphaïstos dans un réacteur à Tchernobyl...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un projet éditorial ambitieux qui débute ici, avec une équipe de choc réunissant les scénaristes Emmanuel Herzet et Henscher, et les dessinateurs espagnols Rafa Sandoval et Garcia Cruz David. Les premiers pas dans le franco-belge pour deux illustrateurs habitués des comics US, sur fond d'une variation déjantée sur le thème des Dieux de l'Olympe. Le spectaculaire est de mise, dans ce premier volume, dont le ressort principal est la mise en scène de personnages mythiques devenus (presque) humains face à une menace digne des légendes originelles. Les auteurs ont choisi de laisser place à un véritable second degré, n'hésitant pas à faire chanter des chansons paillardes à leurs personnages. Les dialogues fourmillent de références aux Tontons Flingueurs, accentuant le côté série B de l'ensemble. Mais la réalisation est sans faille, avec des scènes spectaculaires et des décors léchés. L'équilibre est fragile lorsqu'un édifice repose sur de tels contrastes, en tout cas tant que dure la mise en place de cet univers un peu fou. On est baladé d'un personnage à l'autre, avec une avalanche un peu excessive d'allusions aux dimensions mythologiques des Dieux qui se succèdent. Et cet humour un peu potache qu'il faut accepter d'emblée. Passé l'effet de surprise, on se prend à relire cet album atypique aux influences multiples. En se demandant quelles nouvelles accélérations nous promettent les trois tomes suivants aux scénarios déjà écrits. Et on se dit qu'un prof de grec ancien dopé aux amphétamines a probablement trouvé sa BD culte.