interview Comics

Rafa Sandoval

Bonjour Rafa Sandoval, peux-tu revenir sur le début de ta carrière ?
Rafa Sandoval : C’est un peu curieux comme histoire... Bon, jeune, je suis tombé malade, et j’ai du être hospitalisé environ 2 mois. Ma mère, qui venait me voir tous les jours, s’arrêtait en chemin à un kiosque presse, tu sais ces petites librairies de rue... Bon, peu importe, elle m’a acheté un comic. C’était les Teen Titans. Alors j’ai commencé à le lire et je l’ai apprécié. Je l’ai vraiment aimé. Alors je lui ais demandé de m’en acheter d’autres et à la sortie de l’hôpital, j’ai continué les sagas. J’achetais d’autres séries, Marvel, DC Comics, et il est arrivé un moment où je voulais que ces personnages vivent d’autres histoires. Et j’ai compris que cela ne dépendait que de moi, c’est ainsi que j’ai commencé à dessiner. C’est comme ça que tout a commencé pour moi, en donnant vie à ces personnages que j’adorais. A partir de là, j’ai dessiné pour mon compte, et pendant longtemps je me rendais aux salons de BD, j’obtenais des rendez-­vous avec les éditeurs, mais je n’attendais pas d’eux qu’ils m’embauchent. Je leur demandais juste leur opinion sur ce que je faisais, si ça leur plaisait, ce qui devait être amélioré et à force de travailler ainsi, j’ai appris. Jusqu’au moment où des offres de travail se sont présentées à moi, par l’intermédiaire d’un ami. Je me suis retrouvé dans une équipe artistique d’un Studio Disney en Espagne, mais c’était une grosse structure, gérée par des allemands, qui s’appuyaient sur une production d’artistes espagnols. Ça a été mon premier job de dessinateur, avec du Mickey Mouse et tous les personnages Disney auxquels on peut penser. Mais ma passion restait les comics, et j’ai profité de cette expérience pour continuer à progresser, sur la technique et sur la narration graphique... Jusqu’au moment où, après quelques travaux sporadiques, un autre de mes amis me demanda si je continuais à dessiner etc... et quand je lui ai montré quelques dessins, il m’a encouragé en me disant que c’était vraiment bon et en me conseillant de les envoyer à Marvel, qu’il y a avait des chances que cela leur plaise etc... Je l’ai donc fait, et aussi pour DC Comics Et ils m’ont répondu. Là aussi ça a été très curieux, parce que quand Marvel m’a répondu, c’était au moment où ma première fille est née. Et une semaine après, c’es DC Comics qui me proposait aussi un contrat ! Alors voilà, je me retrouve père d’un enfant en bas âge avec deux comics à faire, dont la deadline est le même jour. Alors je me suis retrouvé avec 44 planches à produire en 20 jours, à peu près ! C’était complètement dingue mais je me suis dis « Bon... ». Et à partir de là, ils ont été satisfaits, j’avais été rapide, de toute façon je n’avais pas le choix : il fallait aller vite ou me suicider !!! Et bon voilà, à partir de là, Marvel m’a demandé si j’étais disponible pour d’autres travaux. C’est ce qui fait que je n’ai pas travaillé pendant un bon moment pour DC Comics, mais je ne perdais pas de vue l’objectif de continuer tout de même avec eux, car j’aime les personnages DC Comics... Voilà basiquement comment ça a commencé pour moi...

Quelles sont tes influences ?
Rafa Sandoval: Impossible de résumer tous les auteurs qui m’ont plu, donc qui m’ont influencé mais parmi eux, je peux sortir en particulier Alan Davis, Neil Adams, Romita, ainsi d’autres espagnols, Carlos Pacheco, Pascal Ferry, ainsi que des artistes japonais et européens. Le marché japonais et celui de l’Europe sont particulièrement intéressants. Je ne pense pas qu’il faille diviser et catégoriser les styles. Par exemple tu n’es pas obligé de te cantonner à des auteurs américains pour proposer un dessin qui sera publié là-­bas. Je pense que tu peux t’inspirer de ce qu’il y a de meilleur, à gauche à droite, pour créer ton propre style.

Quel regard portes sur ta collaboration avec Brian Michael Bendis sur les mini-séries Ultimate ?
Rafa Sandoval : Écoute, je pense que ça a été un job formidable. Je me suis beaucoup amusé et je le dis comme je le pense : Brian est un excellent scénariste. Il est parmi les scénaristes qui m’ont laissé le plus de liberté. Je me souviens, il m’envoyait toujours un mot comme « Rafa, voilà ce que je te propose, mais si ta vision est différente, laisses-­y libre cours. Je serai toujours à même de te demander des rectifications, mais surtout, sens-­toi libre de ton interprétation ». J’avais donc les mains libres, mais dans le respect du script. Et j’ai pris beaucoup de plaisir avec cette série. Je pense d’ailleurs qu’on le ressent, enfin j’espère que j’ai réussi à communiquer que j’ai fait du bon travail, en quantité mais aussi en qualité, en dessinant aux petits soins. Et les fans ont adhéré, même parfois adoré ! Et souvent, le même type de question revient face à la prolifération des détails : « et ceci, pourquoi l’avoir placé ici ? Et cela pourquoi donc ? ». En fait, ça me fait très plaisir de constater que les lecteurs ont été très attentifs, retenant beaucoup de détails...

Ensuite, tu as succédé à Guillem March sur Catwoman...
Rafa Sandoval : Oh, Guillem March est fantastique ! D’abord c’est une excellente personne, car je le connais personnellement, mais c’est aussi un incroyable artiste. Tu sais je me suis dit « Waow, c’est Catwoman, et comment un type comme moi peut-­il mieux faire que Guillem March, qui fait un job de ouf ? Allez, proposez-moi autre chose, mais là... ». Mais bon, il faut croire qu’ils avaient ce truc en tête et que non, ils avaient décidé que je reste sur Catwoman, ce qui encore le cas actuellement.

Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre artiste, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Rafa Sandoval : Je pense que ce serait Stuart Immonen. Je veux comprendre comment il y arrive. Parce que vraiment, c’est un artiste qui, avec peu de traits, crée un mouvement, une expression, bref, il arrive à faire un travail complet avec si peu de traits, c’est juste fantastique et je veux comprendre cela.

Merci Rafa !

Remerciements à Sabrina Gaudou pour son organisation et à Jean-Philippe Diservi pour sa présence et sa traduction !

catwoman rafa sandoval


PAR

6 juillet 2013
©Urban Comics édition 2014

En l'espace de quelques années, le dessinateur espagnol Rafa Sandoval a su se faire une place aux USA. Capable d'assurer un rythme de production assez élevé, il a fort logiquement travaillé pour les deux plus gros éditeurs que sont Marvel ou DC Comics. Offrant des planches spectaculaires aux lecteurs, il a donc succédé à l'un de ses compatriotes, Guillem March, sur la série Catwoman. Assez facilement, Rafa Sandoval a trouvé le moyen de conserver un dynamisme époustouflant à ses pages tout en mettant en valeur la plastique de la plus connue des voleuses. Retour sur une interview en espagnol (mais retranscrite pour les non hispanophones) !

Réalisée en lien avec les albums Catwoman – New 52, T3, The Mighty Avengers T2, World War Hulk
Lieu de l'interview : Comic Con Paris