L'histoire :
Dans le nord-Afrique désertique et post-apocalyptique, un convoi militaire tente de rejoindre la ville fortifiée de Medina. Dans l’un de ses blindés, le commandant Karlof a une captive de choix, prise aux drax. Mais il sait que les derniers kilomètres vont être les plus éprouvants. Ils tracent à pleine vitesse, à découvert, pour profiter d’une fenêtre du bouclier, lorsqu’ils sont assaillis de toute part par les Drax. Ces créatures immondes et féroces, issues de mutations génétiques sévères, parviennent à décimer un blindé et ses passagers. Lorsque les militaires parviennent enfin à la poterne d’entré, c’en sont d’autres ailées et tout aussi répugnantes, qui les attaquent. Karlof s’en tire avec une belle morsure au bras. Qu’importe, il peut enfin montrer sa prisonnière à ses supérieurs. Celle-ci se nomme Hadron, c’est une humaine, une gamine au visage d’ange… mais elle représente un potentiel de danger immense : elle appartenait à « Boso 1 », la première apparition, et elle nourrit dans son ventre un embryon fécondé avec un drax. D’ailleurs, sitôt qu’une opportunité s’offre à elle, elle tente de s’échapper, causant d’importants dégâts…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers Gunman et les 3 tomes de Factory, le dessinateur Yacine Elghorri a montré un coup de crayon d’un très haut niveau (dans une étonnante veine moebiusienne, option Metal Hurlant). Néanmoins, il se complait un peu beaucoup dans le même contexte post-apocalyptique et futuriste, où s’entrecroisent des abominations génétiques et un décorum désertique et industriel. Qu’à cela ne tienne, le prolifique Jean Dufaux a eu envie de se « mettre en danger » en adoptant littéralement cet univers singulier et terriblement prégnant, pour en extrapoler un récit d’horreur et d’anticipation. Le contexte est donc celui d’une ville orientale militarisée et fortifiée, qui résiste face à une prolifération de créatures monstrueuses, les Drax. Avec l’aide de la longue préface de Dufaux, on devine qu’une catastrophe nucléaire (en lien avec le LHC) est globalement à l’origine de ces mutations et que l’humanité est dans sale pétrin. Des résistants capturent alors une jeune femme, dont la puissance et les intentions restent un mystère… Les amateurs d’Elghorri auront presque l’impression d’enchainer sur une suite de Factory : les personnages ont les mêmes guenilles, l’horizon est tout aussi décharné, les créatures montrent les mêmes « automatismes » imprégnés de l’œuvre de HR Giger (le créateur d’Alien). Bref le sort de l’homme est tout aussi peu enviable. S’il maîtrise sa griffe, Elghorri utilise un crayonné rough, spontané, parfois rapidement esquissé, directement rehaussé de quelques teintes kakis, sanguines ou glauques. Quand on sait de quoi le dessinateur est capable, et en faisant la fine bouche, on aurait surtout apprécié qu’il détaille plus souvent ses arrières plans (souvent en aplats de couleurs). Pour cet épisode pilote, Dufaux respecte presque trop l’univers narratif d’Elghorri, laissant pleinement son visuel s’exprimer. On reste pour le moment dans l’expectative…