L'histoire :
Au milieu de l'immense étendue d'eau battue par une pluie interminable, la famille de Noé vit les moments les plus importants de son existence. Ila, qui avait a priori perdu tout espoir de devenir un jour mère, porte un enfant en elle. Japhet est déterminé à tout faire pour que l'enfant puisse vivre, mais la position de Noé est claire. Si l'enfant est une fille, il devra mettre fin à ses jours. Sa volonté semble sans faille, l'espèce humaine qui a déjà ravagé la Terre ne peut survivre au déluge. Lui-même et ses proches doivent en être les derniers survivants. Une fois leur mission accomplie de sauver les espèces animales embarquées sur l'arche, ils devront lentement s'éteindre, selon la volonté du créateur. Japhet et Ila souhaitent alors construire une embarcation pour quitter le navire, et rejoindre une hypothétique terre ferme avec leur enfant. Pour en connaitre l'éloignement, ils décident de réveiller un des corbeaux embarqués sur le navire, et de le laisser s'envoler. Lorsqu'il reviendra, ses pattes couvertes de terre diront s'il y a un espoir pour la jeune famille d'échapper à son sort. Alors que l'heure de l'accouchement approche, si le bébé n'est pas un garçon, le sort de l'humanité va se décider, sur un navire en bois porté par les vagues.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce dernier épisode de la saga néo-biblique de Noé et des derniers survivants de l'espèce humaine est sans aucun doute le plus tragique et le plus fort des quatre. Réduite à l'essentiel, l'intrigue se concentre sur une période clé qui va voir tous les enjeux culminer vers une ultime décision. Toute la tension accumulée au cours de la construction de l'arche, puis de son départ sur les eaux, semble n'avoir eu pour but que ce tragique isolement de quelques hommes face à un destin qui les dépasse. Chaque case de l'album est pleine de cette tension, sombre et dramatique, formidablement pleine de sens. Toute la durée de la saga, toutes les batailles mises en scène, tous les combats et les morts qui ont jalonné l'épopée de Noé se retrouvent dans la dramatique décision autour de la vie qui refuse de disparaître. Alors que les allusions religieuses et l'inspiration biblique sont peu nombreuses dans ces 56 pages de conclusion, c'est ici que cette aventure prend son sens le plus profond et essentiel. Niko Henrichon décline avec brio les événements parfaitement séquencés par Aronofsky et Handel, vers un final dont on attend du coup avec impatience de découvrir la version cinématographique. Le dessinateur réalise une page 47 à couper le souffle, qui clôture idéalement la saga. On referme cet album avec l'impression d'avoir été complètement embarqué dans une sorte de péplum revisité, dont la puissance visuelle et la force évocatrice constituent un vrai choc. On a dès lors autant envie de relire l'ensemble de la série, que de se précipiter dans une salle de cinéma.