L'histoire :
Une jeune femme cherche son mari disparu, tandis que des signes mystérieux semblent évoquer une présence extra-terrestre... Un collectionneur se fait dérober l'unique exemplaire d'un livre réputé dangereux, mais il ne peut faire appel à la police... Un homme rêve chaque nuit qu'un train l'écrase alors que son pied est emprisonné sur la voie... Une femme brandit une pioche au-dessus de la tête d'un homme assis sur une chaise, une scène visible depuis une fenêtre sans rideaux... Le détective Raffington Event n'intervient que sur des sujets étranges, toujours à la limite du réel, là où la police est forcément dépassée. Chaque enquête l'amène sur des mystères à chaque fois plus bizarres, forçant le détective à se fier à son instinct, sa conviction plutôt qu'un raisonnement cartésien inutile. Il comprendra l'étrange maladie de peau qui touche le forain voisin des Miroirs magiques du docteur X en franchissant la porte qui mène à une terrifiante galerie de squelettes. Il ira au Mexique porter un message codé aux membres d'une secte qui vivent de presque rien, dans une maison qu'ils ont construite pierre par pierre, poussés par une force qu'il ne tardera pas à comprendre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces quelques histoires courtes autour d'un personnage de détective privé issu de la série Rork sont une sorte de laboratoire pour Andreas, dont la réputation est déjà forte au moment où cet album parait pour la première fois, en 1989. L'auteur allemand, élevé par de grands maîtres belges, y joue avec la narration comme il le fait dans toutes ses œuvres, que ce soit dans une première histoire muette, ou lorsqu'il enchaîne 59 gros plans en quatre pages, pour finir par une révélation choc. Les thèmes toujours mystérieux des petites enquêtes de Raffington ne surprendront pas le lecteur fan, ils constituent un véritable hommage aux horror stories américaines des années 60 et 70. Celles qui ont vu s'illustrer les grands dessinateurs de comics de l'époque, dont Berni Wrightson qui inspire évidemment Andreas. Mais la touche franco belge est clairement présente dans la clarté lisible d'un trait semi-réaliste très reconnaissable. Andreas propose ici un style plus léger et moins hachuré qu'à son habitude, proche de Foerster ou de Cossu, compagnons de classe de l'auteur à Bruxelles. Certains jeux de lumière en noir et blanc rappelant même Frank Miller avant la lettre. Dans ces pages très denses aux cases nombreuses, Andreas parvient à nous titiller avec des petits suspenses qui, s'ils ne sont pas toujours transcendants, sont plutôt bien menés. Il faut un minimum d'attention pour donner à ces histoires courtes le temps qu'elles méritent, et ne pas louper une chute qui ne tient souvent qu'à un fil. L'album est cela dit davantage une récréation qu'un pivot dans l'œuvre de l'auteur. Sa réédition est avant tout destinée aux fans qui y retrouveront, dans une version légère, les codes visuels de ses séries phares Rork ou Capricorne. Intéressant sans être indispensable.
