L'histoire :
Clarke raconte des histoires de tous les jours à travers 25 récits dessinés et courts, comme :
Un jour sur deux : Sophie regarde par delà sa fenêtre. Elle existe un jour sur deux. Un jour sur deux, elle est aux abonnées absentes. C’est compliqué pour construire une relation amoureuse...
Ombres et fils : Une valise piégée est présente dans le hall. Deux démineurs s’attellent à désamorcer la bombe et parlent de leurs ombres…
Sur la route encore : Un homme roule paisiblement quand, soudain, une femme apparaît sur la route. Il essaye de l’éviter. En vain. Il la renverse…
La direction de la chaleur : Dans une forêt, un homme cherche à échapper aux flammes. Il est aveugle. Il se concentre. Il se fie à son instinct. La fraîcheur pourrait être sa porte de sortie…
Le croque-mitaine : Un enfant appelle son père. Il n’arrive pas à trouver le sommeil. Il a peur du croque-mitaine. L’enfant demande à son père de fermer le placard car il est ouvert…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le rituel de ces Réalités Obliques est immuable. 3-4 planches de 4 cases chacune racontant une brève histoire, qui flirte avec le paranormal, l’épouvante ou l’absurde. Bien difficile d’avoir un avis tranché sur l’ensemble, tant cet ensemble est étrange et bigarré. On y entre de plain-pied ou on reste à quai devant cet album carré. Clarke prend ici un virage inattendu. Il dévoile son côté dark, loin du ton bon-enfant de Mélusine, un univers que l’on avait entre-aperçu brièvement avec Luna Almaden ou Nocturnes. Pour réaliser cet album atypique, il puise son inspiration du côté de chez Edward Hopper et de son fameux tableau Nighthawks (1942), des auteurs de science-fiction (Andrevon, Matheson), de la série la Quatrième Dimension de Rod Serling. Les histoires s’enchaînent et ne laissent pas l’esprit indemne. Clarke explore la solitude humaine, les ombres, le temps qui passe. Sur une histoire, il revisite même son personnage emblématique Mélusine. Graphiquement, Marc-Antoine Mathieu n’est pas loin. Les idées noires de Franquin, non plus. Clarke étonne avec son noir et blanc, bien loin de ses productions habituelles. Si vous êtes dépressif ou bipolaire, lisez avec parcimonie cet ouvrage, sous peine de plonger irrémédiablement de l’autre côté, un endroit d'où aucun humain n'est jamais revenu… Si vous êtes sain d’esprit (ce qui reste à démontrer), rééquilibrez avec une BD mainstream pour ne pas sombrer…