L'histoire :
Une horde guerrière de plusieurs tribus scythes – les sarmates, les cimmeriens et les callipides – s’est constituée pour partir en guerre contre l’ennemi hittite. Cinq sorciers atlantes, ultimes survivants d’une civilisation disparue, et porteurs de pouvoirs psychiques dévastateurs, participent également à cette campagne de reconquête. Une première bataille a été remportée par l’alliance Scythe. Mais les hittites sont puissants et leur contre-attaque s’annonce redoutable. D’autant que les dissensions sont grandes au sein de la horde, voire au sein des tribus elles-mêmes ! Notamment, la reine des sarmates, Simissée, ne peut contenir un schisme : la majorité de ses guerrières quittent la horde pour refonder leur civilisation, en compagnie des deux filles d’Argypée, une guerrière jadis bannie pour avoir copulé avec le dieu Mithra. Simissée ne peut rien faire contre ça, mais elle découvre que sa scribe Thusia est la troisième fille d’Argypée ! Initialement, Thusia a infiltré la horde dans le but de cette scission… Aujourd’hui, elle avoue tout sous la torture et regrette. Un sorcier Atlante fait alors lui aussi une stupéfiante révélation : jadis, Argypée n’a jamais copulé avec Mithra, mais avec Azaes, un atlante perfide qui a abusé de ses pouvoirs à l’époque. Les trois rebelles sarmates sont donc ses filles aussi et elles ont hérité de certains pouvoirs ! Pour conserver sa vie sauve, Thusia propose alors un acte commando très risqué en territoire ennemi, en compagnie de Marak, le roi des callipides, le dernier à pouvoir « piloter » un griffon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aïe ! Et voilà, comme souvent dans toutes les bonnes choses, ce tome 4 signe la fin de Reconquêtes. Cette saga guerrière et politique d’antique-fantasy (osons le terme), aura globalement mis en scène les prémices et le déroulé d’une grande bataille gagnée par une horde composite de tribus scythes, sur leur ennemi hittite pourtant mieux organisé. Ou la victoire du désordre et des failles humaines sur l’impérialisme harmonieux. L’union fait donc la force… cependant, il n’y a pas vraiment d’axe moral au scénario de Sylvain Runberg. Les auteurs se sont essentiellement fait plaisir – et ont ravis leurs lecteurs-spectateurs – dans une œuvre de genre. Les charges héroïques se complètent de moult aspects martiaux et retors, en cohérence avec une époque antique et fantasmée de violentes conquêtes. Dans ce quatrième tome comme dans les précédents, en sus des batailles forcément spectaculaires, tout y est dans le registre : infiltrations, trahisons, vengeances, scissions, aveux sous la torture, opération commando, guet-apens, méthodes sournoises et flots d’hémoglobine… Sans oublier un zest de fantastique au travers du bestiaire (les griffons sont des lions-aigles géants ; les mastodontes meroïtes sont à mi-chemin entre la girafe et le diplodocus) ou des pouvoirs psy des atlantes. On est finalement très proche de Game of throne. D’autant qu’avec les moyens artistiques d’un réalisateur en forme, François Miville-Deschênes, ça dépote sévère visuellement parlant. Les scènes de batailles sont subjugantes et le plus grand soin est porté aux personnages, à leurs expressions et à la lumière.