L'histoire :
En pleine ascension du Reich, le festival de Bayreuth bat son plein. Une réprésentation complète du Ring de Wagner y est proposée, devant un parterre de dignitaires du régime qui ne va pas tarder à se lancer dans la conquête de l'Europe. Invité en compagnie de ses enfants, Jay Sherman poursuit ses relations couronnées de succès avec l'industriel Karl Jurgen. Mais un double drame va se nouer dans cette relation professionnelle et amicale. Karl subit des pressions et des intrusions de plus en plus fortes du gouvernement allemand dans son industrie, critique pour les projets d'expansion du Reich. Et la fille de Jay va tomber amoureuse d'un chanteur d'opéra, ce qui ne correspond pas du tout aux plans élaborés par Karl, qui aurait vu son propre fils marié avec la jeune femme. Lorsque la guerre aura pris fin, cet enchainement d'évènements justifiera-t-il l'acharnement dont Jay et sa famille sont les victimes ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A mesure que les révélations s'accumulent sur le passé de Jay, l'intérêt de cette série augmente, ainsi que le plaisir que procure sa lecture. Stephen Desberg a concocté une arrivée progressive des révélations sur la passé de Jay Sherman qui, bien que mécanique, accroche efficacement. Ce quatrième tome, en particulier, bénéficie d'un rythme plutôt rapide et de sauts efficaces entre passé et présent, qui se digèrent sans problème, aidés par le jeu de couleurs qui distinguent les époques. Comme souvent avec ce scénariste peu porté sur la psychologie des personnages, on s'appesantit peu sur le fond des âmes de Jay Sherman et de ceux qui l'entourent. Les sentiments amoureux sont rapidement exprimés, les intrigues humaines rapidement nouées, au bénéfice de l'intrigue principale qui fait l'objet de plus de détails. On apprécie alors les références historiques précises sur la période, notamment le début d'épuration des musiciens juifs à l'époque du festival de Bayreuth, en 1936. Le dessinateur Griffo sert tout cela d'un trait rapide, plus simple qu'à son habitude, un sacrifice indispensable pour que les six albums de cette série soient produits en un temps raisonnable. Mais tout cela est fait avec maîtrise et professionnalisme et le travail des couleurs est excellent pour cette saga à forte connotation historique. Sans être un chef d'œuvre inoubliable, Sherman est une excellente série, qui mérite d'intéresser un large public.