L'histoire :
En 1533, le jeune Ambroise Paré franchit la porte de l’Hôtel-Dieu parisien pour la première fois. Il a appris les rudiments du métier de barbier-chirurgien avec son frère à Vitré. Il a aussi lu beaucoup de livres et il compte bien confirmer sa pratique en poursuivant plus loin ses études et en passant des diplômes. Ses professeurs reconnaissent qu’il manie déjà la lancette (ancêtre du bistouri) avec dextérité. Mais son gros problème, c’est qu’il ne parle pas le latin… Or les jurés de la confrérie de Saint-Côme réclament que les postulants chirurgiens sachent le latin. Paré continue donc son apprentissage en plantant des lancettes, maniant des clystères, perçant des furoncles, posant des ventouses, incisant des panaris, refaisant des bandages, en gardant son objectif de devenir un grand chirurgien. Il suture des plaies avec des fils de chanvre, remet droit des nez cassés, et dissèque des cadavres dès qu’il en a l’occasion, afin de bien apprendre le fonctionnement intérieur du corps humain. En 1537, il accompagne une troupe de soldats de François 1er sur le Pas de Suse (Savoie), contre l’armée de Charles Quint. Son savoir-faire médical va s’appliquer à bien des blessures et se bonifier. Les pénuries vont notamment le pousser à improviser et faire des expériences concluantes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a quelques mois, les éditions Passé Composé publiaient une biographie partielle de Vésale, anatomiste belge qui a révolutionné cette science sous la Renaissance. Le propos insistait notamment sur une controverse avec son rival français, le célèbre Ambroise Paré, autour de l’accident mortel de joute d’Henri II. La présente biographie d’Ambroise Paré, publiée par les Arènes, retrace factuellement sa vie, de ses 23 ans jusqu’à sa mort. Il n’est alors plus question de rivalité entre les deux hommes, mais plutôt d’entraide. Au scénario, Pierre Boisserie et Jean-Noel Fabiani-Salmon (professeur à la fac de médecine de Paris, à qui l’on doit déjà L’incroyable histoire de la médecine) retracent sa vie et ses réflexions au plus proche des éléments connus. Par des parenthèses didactiques, ils focalisent parfois sur ses croquis, ses réflexions, les préceptes qu’il a couchés sur papier au sein de traités. On y découvre entre autre la cautérisation après amputation, les bons outils du chirurgien, les prothèses de jambes, le retournement in utero des bébés en siège… Les auteurs n’hésitent pas non plus à lui faire dire ce qui est aujourd’hui considéré comme des âneries (ha ha les positions sexuelles déterminantes pour le sexe des bébés !)… mais qui à l’époque lui semblait sans doute certain. Il faut parfois avoir le cœur bien accroché, car le dessinateur Vincent Wagner ne nous épargne pas les opérations et les blessures de guerre. L’extraction de la pointe de lance fichée dans le crâne du duc de Guise est notamment exquise.
