L'histoire :
En mars 1798, après avoir voté la décapitation du roi et avoir obtenu celle de Robespierre, Joseph Fouché a miraculeusement survécu aux années de terreur. Il se fait oublier de la politique en faisant des affaires pour le compte de Paul Barras, alors à la tête du directoire. Cela lui permet d’approcher la maîtresse de Barras, une certaine Joséphine Bonaparte, qui profite de la campagne guerrière menée par son mari en Egypte pour batifoler avec son ancien concubin. Content de l’efficacité et de la fidélité de Fouché, Barras lui propose alors un poste d’ambassadeur de Hollande, où Fouché pourra servir d’espion. Mais Fouché en profite pour négocier un autre poste, qui ressemble encore à une coquille vide : celui de ministre de la police. En quelques mois, son travail à ce poste lui permet de constituer un solide réseau et des dossiers incroyablement documentés sur quasiment chaque français. Au lendemain du coup d’état du 18 brumaire de l’an VIII (9 novembre 1799), Fouché est à la tête d’un puissant ministère. Il a réussi à anticiper l’arrivée au pouvoir de Bonaparte et il lui a facilité cette bascule politique, en participant à l’instauration du consulat. Bonaparte n’a d’autre choix que de le maintenir à ce poste, trop puissant, tout en s’en méfiant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Fouché, l’un des hommes politiques les plus secrets et les plus puissants de l’histoire »… Le pitch de l’éditeur résume bien l’ambivalence et le mystère qui rode encore sur cet acteur majeur de la Révolution, du Consulat et de l’Empire, des périodes de l’Histoire de France pourtant fortement documentées. Rappelons qu’à la veille de sa mort, ce manipulateur cynique a fait brûler tous ses papiers par Jérôme Bonaparte, cinq heures durant… un laps qui laisse augurer l’ampleur des compromissions. Ce tome 2 scénarisé par Nicolas Juncker couvre cependant une période antérieure : les années du Consulat, qui permirent à Fouché d’édifier un ministère de la police d’une efficacité inégalée, qui firent sa réputation. « Mr Fouché veut tout savoir sur tout ! ». La BD démontre fort bien la position puissante et incontournable de l’homme, qui lui permit de toujours anticiper les revirements politiques et d’œuvrer en leur faveur en se plaçant au bon endroit au bon moment. Il s’arrangeait pour être utile à Bonaparte et possédait un aplomb et un sens de la répartie remarquables. En revanche, le parti-pris de Juncker passe sous silence la forte suspicion de cupidité du personnage… Cela n’empêche nullement de passer un excellent moment d’Histoire, didactique, très justement rythmé, astucieusement découpé et précisément dessiné par Patrick Mallet. Les coups d’état savent être spectaculaires, les séquences gagnent en repères et en authenticité en étant introduites par des plans d’ensemble travaillés ; et par le jeu subtil des regards, la variation des plans et des macro-plans, les discussions gagnent toute la tension nécessaire. Nous quittons Fouché à la dernière page en pleine négociation avec Talleyrand, alors que Bonaparte est presque Napoléon… ce qui nous permet de nous réjouir d’un troisième opus plus impérial que jamais.