L'histoire :
Berlin, 1936. A l’approche des Jeux Olympiques, l’armée allemande décroche un maximum d’affiches de propagande anti-juive, afin de ne pas choquer les étrangers. Bernie Gunther, ancien flic de la brigade criminelle, reconverti en détective privé, se rend au mariage d’une amie dans un grand café. A l’issue de la fête, un avocat lui propose 200 marks pour une entrevue de 2h, donnant lieu à un potentiel contrat. Bien qu’il soit très tard, Bernie accepte. 200 marks, c’est pas rien ! Il est alors conduit jusqu’au manoir du docteur Hermann Six, magnat de l’acier et dignitaire du parti nazi. Grete, la fille de ce dernier, a été retrouvée morte, calcinée dans l’incendie de sa maison, dans son lit au côté de son mari… Ils ont plusieurs balles de revolver dans le corps et leur coffre-fort a été vidé de son contenu. Or ce coffre contenait un collier en diamant d’une valeur de 750 000 marks, héritage d’un prince russe ! Affligé par la mort de sa fille, Herr Six veut aussi récupérer le collier. Le salaire est sympathique et Gunther touchera par la compagnie d’assurance un pourcentage sur la valeur du collier… donc il accepte. En ressortant de chez Six, il croise alors sa femme : la starlette de cinéma Ilse Rudel, le fantasme de ses nuits. Dès le lendemain, Gunther fait son job, qui commence par une visite des ruines de la maison incendiée, puis par un tour chez le médecin légiste qui a ausculté les corps…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme son nom l’indique partiellement, La trilogie berlinoise est un cycle de trois enquêtes – de trois romans signés Philip Kerr et adaptés en BD par Pierre Boisserie – mettant en scène un détective dans le Berlin nazi des années 30. Précisément, le contexte est celui de l’année 1936, juste avant les fameux jeux olympiques qui virent l’athlète noir Jesse Owens couronné de la médaille d’or au 200 mètres, détraquant les ineptes théories sur la supériorité de la race aryenne. A cette époque, le parti nazi se voulait un modèle de réussite et de rigidité. Il avait verrouillé un maximum de fonctions dans les rouages de l’Etat et la haute bourgeoisie, et s’était organisé comme une mafia, avec élimination des opposants, des juifs et des homosexuels, vers des camps de « rééducation ». L’enquête que mène Bernie Gunther fait une peinture très crédible de cette société berlinoise au fonctionnement fasciste, qui est le propos premier de la trilogie, et dont les acteurs les plus connus s’appellent Goebbels ou Himmler... Pas franchement fan des nazis (mais pas extrémiste humaniste pour autant), notre héros détective est un alter-ego du célèbre Marlowe de Raymond Chandler : expérimenté, désabusé, il porte le traditionnel trench-coat et chapeau Fedora qui ont façonné sa légende. Son honnêteté et le cynisme de ses répliques le rendent terriblement attachant. Pour autant, son enquête est bien longue et elle passe par bien des détours et des circonvolutions, dans ce premier tome de… 130 planches. Le dessin de François Warzala lorgne quant à lui du côté de la ligne claire. Légèrement inégal mais cohérent de bout en bout, il se transcende dans les clairs-obscurs des scènes nocturnes et se conforme de son mieux aux nombreuses scènes de palabres.
