L'histoire :
En 1934, dans les Asturies, le climat révolutionnaire règne. Les républicains passent à l’action. Au milieu des combats, Albert Camus est embarqué par des soldats qui lui conseillent de prendre garde : ici, on n’est pas dans un roman. Une explosion toute proche projette l’écrivain et confirme que c’est effectivement le cas. Encore sonné par la déflagration, Camus voit alors trois femmes soldats mener un assaut avec une efficacité qui le laisse sans voix. Fé, Caridad et Esperanza lui apparaissent soudainement comme le seul espoir de cette révolution. Elles sont les insoumises. Fé se préoccupe de la jambe ensanglantée de Caridad, qui minimise l’incident. Un attroupement s’est formé autour de la belle jeune femme et Esperanza, dans son uniforme de nonne, propose de lui administrer les premiers soins. Fé fait dégager tout le monde en expliquant qu’elle se porte garante de la religieuse qui soulève déjà des railleries parmi les troupes. Une fois le trio réuni à l’écart, elle s’excuse auprès de Caridad d’avoir tant tardé à réaliser qu’en fait, ce sont ses règles qui se sont déclenchées en plein combat…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture annonce la couleur : le rouge. Celui du sang, de la passion et de l’amour. Insoumises raconte l’histoire de 3 femmes d’exceptions, féministes et investies bien au-delà, sur une période qui s’étend de 1934 à 1968. Cette mini saga concoctée par Javier Cosnava relate les faits d’armes ainsi que les actions humanistes et solidaires accomplies par cette fratrie constituée au hasard de la lutte dans l’Espagne d’avant-Franco. La personnalité bien trempée de chacune d’entre-elles et les causes variées pour lesquelles elles s’engagent, sont guidées par la liberté d’exprimer leur féminité, si singulière pour l’époque. Bien sûr, cette soif d’être libre s’exprime aussi par leur sexualité. L’une est hétéro, l’autre bi et la dernière est homo. L’amour qui les tiraille parfois dans des sens contraires rythme une part du scénario d’un bout à l’autre de ce récit bien construit. Rappelant que les femmes sont plus fortes que ce que les hommes veulent leur faire croire, cet album est aussi un hymne à l’équilibre du monde par la foi, la charité et l’espérance, des vertus bien rares de nos jours, alors que des millions de gens sont morts et meurent encore pour les défendre face au joug de la mondialisation. Le trait dynamique de Ruben del Rincon, avec sa touche manga, assoit le caractère trempé de ce trio de choc. La colorisation bichromique offre une variante intéressante au noir et blanc. Et le papier glacé apporte une petite pointe de luxe à l’univers rude qui entoure cette épopée humaine.
