L'histoire :
Madrid, 18 juillet 1936. Deux ouvriers se rendent chez un camarade qui n'a pas embauché à l'usine car il est malade. Pedro peine à se lever quand ils tambourinent à sa porte. Il est très surpris de leur visite et leur demande s'il s'est passé quelque chose à l'usine. Armando le prie de vite s'habiller et il comprend que son ami n'est pas au courant : le matin, les militaires se sont soulevés dans tout le pays pour en finir avec la République, mais le peuple a pris les armes pour la défendre ! Quelques minutes après, les trois amis marchent en direction du regroupement formé à l'appel de l'UGT, le syndicat d'Union Générale des Travailleurs. Armando tend un pistolet automatique à Pedro. Un seul chargeur... Il faudra attendre un peu pour avoir plus de moyens, car des militaires loyaux ont commencé à armer les syndicalistes. Alors qu'ils croisent deux gardes d'assaut, ils sont surpris que ces derniers ne bougent pas : hier encore, ils matraquaient les ouvriers... Mais aujourd'hui, ils soutiennent le peuple et le gouvernement légitime. Soudain, deux phalangistes surgissent d'un balcon. Des coups de feu claquent ; un homme qui portait le drapeau de la République d'Espagne tombe, criblé de balles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les BD qui abordent le sujet de la Guerre civile espagnole sont nombreuses. Or jusqu'ici, aucune n'a traité spécifiquement du rôle de l'aviation dans le conflit qui a déchiré ce pays de 1936 à 1939. C'est désormais chose faite, grâce au travail de Gerardo Balsa, auteur argentin qui doit commencer à en connaître un rayon en matière militaire, puisqu'il est aussi un des dessinateurs de la série romancée, mais très réaliste, U.47, qui se concentre sur l'équipage allemand d'un U-Boot. Des fonds marins au ciel d'Espagne, l'auteur (cette fois-ci complet puisqu'il réalise aussi le scénario) se montre toujours aussi à l'aise. Il introduit des personnages réels, comme André Malraux, qui prit le commandement d'une escadrille luttant pour la cause des républicains ; ou encore Franco, qui négocie avec Hitler l'appui qu'il finira par obtenir via la funeste Légion qui donne son nom à la série. Il crée par ailleurs d'autres personnages fictifs en introduisant un effet de balance : d'un côté un mécano espagnol qui va devenir artilleur et prendre les airs et de l'autre un fils de général allemand qui est pilote. Avec le recours aux ellipses, le récit ne verse donc pas dans la reconstitution méticuleuse de grandes batailles, le fil conducteur étant le parcours des uns et des autres, mais la tension s'installe dès la première page, accentuée par le spectacle des combats aériens. Ce premier tome (sur trois) installe ainsi l'histoire de façon efficace et s'achève en faisant penser au lecteur que la suite sera encore plus intense.
