L'histoire :
En avril 1865, l’ultime bataille de Petersburg entre l’armée yankee du Général Sheridan et l’armée de Virginie du Nord du Général Pickett se solde par la défaite des confédérés. La guerre de sécession se termine ainsi, par la reddition des « tuniques grises ». Parmi ces soldats déchus, le colonel Morrison s’expatrie et s’installe dans les Rocheuses en compagnie de trois fidèles à son régiment et de trois rescapés de l’expédition française au Mexique. Ils y fondent une communauté icarienne (communistes chrétiens), un projet utopique qui tient quelques années. Mais l’avancée du chemin de fer promet l’arrivée prochaine de horde d’aventuriers et d’escrocs dans la région. Morrison et ses amis imaginent donc un plan de repli. Or pour cela, il leur faut quelques subsides… Morrison a donc l’idée d’attaquer un convoi de quelque 350 000 dollars, les salaires des ouvriers de l’Union Pacific. Pour cela, il s’allie à un brigand nommé Jones et à son associé mexicain Alejandro. Le coup n’est pas évident à planifier, étant donné que le convoi ferré sera encadré par 20 hommes de cavalerie, armés de deux gatling guns (mitraillettes sur pieds)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Roger Seiter n’en est pas à son premier western (cf. Wild River). Mais pour ce nouveau projet en diptyque, il s’allie avec un dessinateur clairement spécialisé dans le registre, Daniel Brecht (Death mountains). Ensemble, ils définissent tout d’abord un contexte authentique et trouble, qui se nourrit de divers conflits et déceptions étatiques. Pour bien définir le périmètre historique, Seiter prend d’ailleurs le temps de faire quelques judicieux rappels historiques en un dossier préambule de 6 pages. Le groupe que nous allons suivre se compose ainsi de militaires confédérés vaincus, de bonapartistes rescapés de l’expédition du Mexique, de bandits mexicains et même d’une communarde française. Le personnage central de Morrison est lui-même ambivalent : militaire confédéré déchu (donc pro-esclavagiste), il fonde une communauté utopique basé sur les principes de Thomas More, Etienne Cabet et Robert Owen… puis se mue en gangster sans scrupule pour financer son exil. Il se montre ainsi précurseur des anarchistes européens qui tuèrent et escroquèrent les puissants au nom de leur idéal, au tournant du XXème siècle. Ce premier tome met ainsi en scène l’exécution d’un plan pour s’emparer d’une cagnotte de 350 000 dollars, soit un braquage monstre perpétré en groupe et qui, forcément, ne tourne pas comme envisagé. Fort correctement rythmé et mis en scène, le western convoque la plupart de ses fondamentaux : traques, fusillades, attaques de train, indiens, guet-apens… et vaste paysages rocailleux immergés dans des teintes poussiéreuses. Classique et efficace !