L'histoire :
En 1872, après avoir fondé une colonie icarienne (ancêtre du communisme) dans un coin perdu des Rocheuses, l’ex-colonel confédéré Morrison s’est allié à des révolutionnaire mexicains et à des soldats français pour monter un gros coup : le braquage d’un convoi de chemin de fer transportant 350 000 dollars. Evidemment, un tel casse ne s’est pas fait sans violence. Les hommes de Morrison se sont emparés de deux gatlings (mitrailleuses) avec lesquels ils ont fait un carnage sur les militaires qui protégeaient le convoi et au sein de la petite ville de Laramie. Désormais en fuite, ils tentent de rejoindre San Francisco pour prendre le large. Ils sont traqués par le shérif Alkins et ses hommes d’un côté, et par un détachement de cavalerie américaine commandé par le lieutenant Morgan de l’autre. Or leur cavale est encore perturbée par des altercations sanglantes avec les apaches, pour une histoire de chevaux volés. Alkins et Morgan se rejoignent et décident de faire alliance autour de la traque de Morrison. Or au sein du groupe de Morrison, les dissensions sont nombreuses. Le partage d’un butin de 350 000 dollars attise les tensions ; l’hétérogénéité du groupe (un indien, des mexicains, des français, des sudistes…) ne permet pas une grande cohésion d’objectif ; sans compter la présence de la jolie Eugénie (ancienne communarde)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première partie de ce western en diptyque présentait, avant tout, un groupe composite de bandits. L’idée première de les présenter comme des utopistes était rapidement rattrapée par leur nature violente : les hommes qui suivent Morrison sont surtout des revanchards de l’autorité américaine en marche – d’anciens sudistes, d’anciens zouaves, d’anciens révolutionnaires et un pisteur indien. Deuxièmement, il mettait en scène le braquage sanglant et sans scrupule d’un convoi ferroviaire, ainsi que des altercations toutes aussi violentes avec des apaches. Ce second opus poursuit dans la suite logique de cette aventure riche en tensions : la traque, à de multiples dimensions. L’orientation culturelle globale donnée à cet opus est placée sous le signe des tribus indiennes, comme l’indique le cahier pédagogique final de 7 pages. Cependant, cela ne se ressent pas forcément dans l’intrigue. Classiquement, lorsqu’il s’agit du partage d’un butin, le groupe de Morrison est surtout présenté comme désuni. Il s’effrite donc au gré des divergences et des altercations, jusqu’à son curieux épilogue, un peu en queue de poisson. Jusqu’à ce point final, le scénariste Roger Seiter déroule le fil des évènements dans un sens logico-logique, avec le sentiment d’une linéarité dénuée d’aspérités. Ça piste, ça flingue, ça palabre, ça progresse… Daniel Brecht met en scène l’ensemble dans un style académique certes agréable et cohérent, mais qu’on ressent presque mécanique. Les arrière-plans sont moins travaillés, et le souffle épique s’en ressent amoindri.