Ces derniers mois, le scénariste Roger Seiter a été pris d'une forme aigüe de frénésie narrative : Fog 7, H.M.S. 2, Dark 1, Mysteries 2 (à venir en avril)... Cette pathologie éditoriale ravit néanmoins ses fans, adeptes d'ambiances victoriennes ou d'intrigues piquantes, traits communs à toutes ses oeuvres. Bibliographie dense oblige, Roger a répondu à nos nombreuses questions dans une interview fleuve. Cerise sur le gateau : il l'a accompagnée de quelques visuels de ses projets en cours...
interview Bande dessinée
Roger Seiter
Pour faire connaissance, peux-tu nous faire une brève présentation de toi-même ? Ta vie, ton œuvre, comment en es-tu arrivé à faire des scénarii de bandes dessinées ?
Roger Seiter : Une question classique dans une interview, qui mérite néanmoins autre chose qu’une réponse « bateau ». Je suis né en 1955 et je suis le seul garçon (et l’aîné) d’une fratrie de trois enfants. Durant mon enfance, les loisirs offerts aux jeunes étaient relativement limités. Très peu de télé, des jeux qui développaient l’imaginaire (j’avais une extraordinaire collection de petits soldats), pas mal de films d’aventures dans les cinémas de quartier et surtout, énormément de lectures. De la bande dessinée, bien sûr ; des illustrés et surtout une kyrielle de romans qui allaient d’Alexandre Dumas à Jules Verne en passant par les bouquins de SF et les polars piqués à mon père (gros lecteur lui aussi). Bref, une enfance bercée de récits d’aventures qui ne pouvait que me donner envie de raconter à mon tour des histoires. Et également une vraie culture en matière de littérature populaire, au sens noble du terme. C’est d’ailleurs probablement aussi ce qui explique mon goût pour l’Histoire avec un « H » et le choix de mes études.
J’ai « lu »de la bande dessinée très jeune, probablement dès l’âge de trois ans. Je me rappelle très bien des albums de Christophe dans la bibliothèque de mon grand-père et de la collection du Journal de Mickey de mon oncle, alors adolescent. J’ai arrêté vers l’âge de quatorze quinze ans, pour ne plus lire que des œuvres « sérieuses » (vous donner la liste des auteurs serait prétentieux, mais vous seriez probablement surpris). J’ai recommencé à m’intéresser à la BD après mes études, au début des années 80. J’ai ensuite rencontré un jeune dessinateur, qui m’a demandé de lui écrire du scénario historique. Je l’ai fait un peu par jeu et l’ouvrage a finalement été réalisé et édité. Ensuite, une fois qu’on a goûté à la chose… »..
Après plusieurs récits médiévaux chez l’éditeur alsacien « La Nuée Bleue », t’es-tu définitivement établi chez Casterman, dans un genre plutôt policier ? Terminé le médiéval ?
Roger Seiter : J’ai fait des études d’histoire et je me suis plus particulièrement spécialisé, au moment de ma maîtrise, en histoire ancienne et médiévale. C’est donc tout naturellement que pour mes premiers projets, je me suis intéressé à ces périodes. Je ne prenais pas trop de risques et cela me rappelait les jeux avec les petits chevaliers en plastique de mon enfance (que je collectionne encore de nos jours). J’ai effectivement réalisé trois albums chez des éditeurs alsaciens, avant de passer chez Glénat en 1993 avec Simplicissimus, puis de faire quatre albums chez Delcourt. Je suis entré chez Casterman en 1998 et c’est un éditeur où je me sens bien. Cela ne m’a pas empêché de publier des choses chez d’autres éditeurs (La Nuée Bleue, mais également une histoire courte de 11 pages aux Humanos). Chaque éditeur est spécifique. J’ai de très bonnes conditions de travail chez Casterman, où j’ai actuellement six séries en cours. Mais il n’y a pas que du polar. Il y a une adaptation d’Edgar Allan Poe avec Jean-Louis Thouard et un western qui se passe sur le Missouri en 1810 avec Vincent Wagner. Et puis, je vais probablement refaire un album à la Nuée Bleue. Une histoire qui se passera en 1942, en Alsace. Quant au médiéval, je n’ai pas renoncé. Il faut juste attendre le bon moment..
Ta biographie nous a appris que tu étais Conseiller Principal d’Education… C’est toujours le cas ?
Roger Seiter : Effectivement, au lycée « Marguerite Yourcenar », à Erstein, au sud de Strasbourg. Le meilleur lycée de l’académie de Strasbourg d’après le récent classement du Nouvel Observateur (janvier 2007). J’y suis depuis 1985 et c’est un travail très intéressant. Mais je ne mélange pas mes activités. Je pense qu’au lycée, 95% des élèves et la grande majorité des professeurs ignorent que je fais de la bande dessinée. Et pour les rares qui le savent, très peu ont lu mes albums. De toute manière, l’image de la BD dans le milieu enseignant est encore très négative, malgré certains progrès..
Est-ce Fog, la série qui t’a vraiment lancé ? Comment se déroule le travail avec Cyril Bonin ? Est-ce son graphisme si particulier qui t’a d’emblée séduit ? Comment se travaille la collaboration entre vous ?
Roger Seiter : L’aventure de Fog a commencé en 1998. Je connaissais un peu Cyril, qui venait d’achever ses études aux Arts Décos de Strasbourg. Il avait plusieurs projets qui se passaient au 19eme siècle, mais avait du mal à trouver un éditeur. Comme il voulait travailler sur l’époque victorienne, je lui ai proposé le scénario de Fog, qui l’a intéressé. Nous l’avons proposé à plusieurs maisons d’édition. Les Humanos et Casterman étaient partants. C’est Casterman qui a dit oui en premier. Le tome 1 de Fog a eu pas mal de prix (Chambéry, Sierre, etc…). L’album a donc été remarqué et de ce point de vu, cela a peut-être lancé ma « carrière ». Mais je crois que c’est plutôt un hasard. Tôt ou tard, un ouvrage marque davantage le public et facilite de ce fait la poursuite de l’aventure. Il y avait d’autres projets que Fog, tout aussi intéressants, mais qui ne se sont pas forcément réalisés à ce moment là. Quant au dessin de Cyril, qui est magnifique, ce n’est pas vraiment un dessin « grand public ». Personnellement, j’aime énormément son travail, mais c’est un dessin difficile et exigeant. Cyril a énormément de talent et devrait avoir, à mon avis, bien plus de reconnaissance au bout de huit albums publiés. Sinon, je travaille avec Cyril comme avec mes autres dessinateurs. On se met d’accord sur un sujet, j’écris un projet de scénario dont nous discutons tous les deux (l’histoire complète des deux volumes s’il s’agit d’un diptyque). Une fois d’accord, je fais le découpage complet de l’album (les 46, 54 ou 62 pages), que je remets au dessinateur. Ensuite, Cyril réalise ses planches et nous nous voyons tous les quinze jours pour faire le point. S’il rencontre une difficulté, il me téléphone et on en parle..
Le soufflet est un peu retombé lors du second diptyque de Fog… Avant que la série ne reparte de plus belle au tome 5. Que s’est-il passé ?
Roger Seiter : Ce n’est pas tout à fait exact. Les chiffres de ventes des tomes 3 et 4 sont tout à fait comparables à ceux des autres cycles. Ceci étant, il est vrai que l’accueil a été mitigé. Tout d’abord, nous voulions faire un deuxième cycle très différent du premier, afin de surprendre les lecteurs. Cyril tenait beaucoup à l’introduction d’éléments surnaturels dans le scénario. L’idée de ce mangeur d’âmes vient d’ailleurs plus ou moins de lui. Je crois que l’effet de surprise a été un peu trop important pour les lecteurs qui avaient aimé les tomes 1 et 2. Et puis, j’ai fait des choix narratifs qui n’ont pas toujours été compris. L’histoire est conçue avec un prologue et un épilogue. Les lecteurs ont été intrigués par ce choix. Je crois que, dans le tome 4, ils auraient aimé qu’on montre davantage le périple des héros qui traversent l’océan, puis les Etats-Unis, à la poursuite de Nash. Cela n’aurait probablement rien apporté à la compréhension du récit, mais aurait semblé plus « naturel ». Je me suis donc un peu planté dans mes choix narratifs. Ce sont des choses qui arrivent. Heureusement, on ne refait jamais les mêmes erreurs deux fois..
Penses-tu que l’élément surnaturel présent dans Fog est nécessaire ? Penses-tu utiliser plus ou moins ce trait dans les aventures futures ?
Roger Seiter : L’élément surnaturel n’est plus présent dans le quatrième cycle. On revient à du polar pur et dur et franchement, je préfère cette solution. Maintenant, en ce qui concerne les aventures futures, il n’y a pas, pour l’instant, de cinquième cycle prévu. Cyril termine le tome 8, qui devrait sortir en octobre 2007. Dans l’état actuel des choses, Fog devrait s’arrêter là. Enfin, on verra le moment venu..
De Fog au steampunk, il n’y a qu’un pas… Est-ce un genre qui t’attire ?
Roger Seiter : Par steampunk, je pense que tu parles d’une uchronie qui se passe au 19eme, un mélange de Jules Verne et de SF, avec plein de machines à vapeur et de chapeaux haute forme ? Je ne sais pas. Je crois que le risque de tomber dans le ridicule est très grand. Mais j’aime bien Koblenz de Thierry Robin. Mais bon, je préfère un bon polar..
Te sentirais-tu capable d’écrire de la science fiction ? Si oui, quel genre d’histoires ?
Roger Seiter : J’ai déjà proposé une série de SF chez Delcourt il y a quelques années. Le projet s’appelait Yggdrasill et devait être dessiné par Mathieu Lauffray. Une très belle histoire en cinq volumes. Pour différentes raisons, le projet, bien que signé, ne s’est pas réalisé. Ceci étant, la SF est actuellement un domaine difficile. J’ai lu des centaines de romans de SF publiés entre les années 50 et les années 90. Des choses très intéressantes, mais qui semblent complètement dépassées de nos jours. Honnêtement, je ne saurais pas quoi proposer aujourd’hui. Quoi que, le projet Yggdrasill garde à mon avis tout son intérêt. Je vais peut-être le reprendre un de ces jours. J’ai aussi un projet d’uchronie dans mes cartons. A suivre….
Fog, HMS, Mysteries… Qu’est-ce qui t’attire à ce point dans l’univers anglophone du 19e pour y développer tes plus belles réussites ?
Roger Seiter : On pourrait ajouter à ta liste l’adaptation de Poe et le western qui s’inspire du récit de voyage de l’expédition de Lewis et Clark en 1804. A vrai dire, je ne sais pas. J’aime beaucoup la littérature anglaise et américaine. Je connais un peu l’Angleterre et les Anglais. C’est pour moi un peuple fascinant. Tellement différent des autres peuples européens. C’est lié à son histoire, à l’insularité. Attention, je dis bien qu’ils me fascinent. Je ne suis pas pour autant anglophile. Je trouve simplement leur histoire et leur civilisation intéressantes. Et puis, j’aime bien l’idée d’explorer une thématique, surtout si les lecteurs sont prêts à me suivre sur cette voie..
Mysteries est l’adaptation d’un roman policier de Wilkie Collins. Pourquoi ce choix ? Quelle est ta part d’adaptation ?...
Roger Seiter : J’ai découvert Wilkie Collins en travaillant sur Fog. J’ai l’habitude, quand je travaille sur un sujet, de beaucoup lire autour de ce même sujet. J’ai donc lu beaucoup d’auteurs anglais du 19eme. Wilkie Collins est un cas très particulier. C’est un ami de Dickens, presque un de ses employés. Le frère de Collins a d’ailleurs épousé la fille de Dickens. Collins était avocat. Mais, étant membre de la gentry, il n’a jamais eu à exercer son métier. Il est devenu écrivain un peu par hasard et il est considéré comme l’inventeur du roman policier. C’est surtout un homme très opposé aux rigides conventions de la société victorienne. Il ne s’est par exemple jamais marié, mais a eu des enfants avec plusieurs maîtresses. Dans ses romans, les personnages féminins sont souvent magnifiques, alors que les hommes sont veules et lâches. Un féministe avant l’heure, même avant les suffragettes. Quant à l’exercice d’adaptation, c’était pour moi une véritable envie. Envie de rendre un hommage à un auteur peut-être difficile pour les lecteurs d’aujourd’hui et envie de me confronter à l’exercice lui-même. Et je n’ai pas été déçu. C’est un travail de réécriture tout à fait passionnant. Adapter un roman en BD demande à la fois une bonne connaissance de l’univers romanesque et une bonne connaissance de la narration BD. C’est en réalité extrêmement technique, presque plus difficile que de faire un scénario original. J’espère pouvoir en faire d’autres. J’ai d’ailleurs commencé avec l’adaptation d’une nouvelle de Poe. Mais là, c’est encore un autre problème. Pour Seule Contre la Loi, j’avais un texte de 400 pages qu’il fallait adapter en deux fois 46 planches. Il fallait donc résumer l’histoire sans pour autant la trahir. Pour le Scarabée d’or de Poe, j’ai un texte de 40 pages, qui n’est pas assez long pour faire une adaptation de 46 pages BD. Il faut donc reprendre l’histoire et l’étoffer. Un travail très différent de celui fait sur Wilkie Collins. Quant à l’adaptation elle-même, il y a pas mal de différences avec le roman de Collins. Déjà, nous avons fait le choix de créer dans l’histoire le personnage de Collins lui-même. L’idée est d’un faire un personnage récurent. D’ailleurs, pour écrire ses romans, Collins partait souvent de faits réels, auxquels il avait assisté (comme dans La Femme en Blanc). L’idée n’est donc pas tellement saugrenue en définitive. Et puis, j’ai été obligé d’enlever pas mal de personnages secondaires et de restructurer la chronologie du roman. Le tome 2 paraît début avril 2007. C’est la fin de l’histoire et vous pourrez juger sur pièce..
Dans HMS, on retrouve vraiment l’ambiance du film Master And Commander… Au-delà des convergences narratives, y a-t-il un rapport entre les deux œuvres ? As-tu commencé à écrire HMS avant ou après ? T’en es-tu inspiré. ?
Roger Seiter : Le tome 1 de HMS est sorti en janvier 2005. Il s’agit d’un album couleurs de 54 pages. Le projet a donc été lancé en 2003, bien avant la sortie, voire la réalisation du film. Il s’agit d’un univers particulier. D’un genre littéraire que les Anglais appellent le roman maritime. En gros, il s’agit d’un récit qui se passe dans l’univers de la Navy, entre 1780 et 1820, c'est-à-dire durant les quarante années où l’Angleterre a été en guerre permanente contre le monde entier. L’époque où elle a fondé son empire colonial, développé sa flotte marchande et lutté seule contre Napoléon. Des auteurs comme Forester, Alexandre Kent ou plus récemment Patrick O’Brian ont traité ce sujet. Il y a plus d’une cinquantaine de romans disponibles qui décrivent cet univers. Cela fait plus de dix ans que je les dévore et j’avais donc envie d’aborder ce sujet en BD. Le vrai problème était de trouver un dessinateur assez fou pour se lancer dans l’aventure. Quand Johannes Roussel a dit oui, on a foncé. Mais tout ça n’a rien à voir avec le film Master And Commander, qui est d’ailleurs librement adapté d’un roman d’O’Brian. C’est juste une coïncidence. Peut-être que l’auteur du film avait entendu parlé de notre projet BD ?... (je plaisante).
14 ans séparent les deux premières BD que tu as scénarisées pour Johannes Roussel et la récente série HMS… Pourquoi un tel délai ? Qu’a fait Johannes entre temps ? Il ne travaille qu’avec toi ?...
Roger Seiter : Je connais Johannes depuis 1988. C’est avant tout un ami. A l’époque, nous avions fondé une association qui s’appelait « Objectif Bulles ». Il y avait pas mal de dessinateurs dans cette association, dont Claude Guth. Comme nous n’étions plus des ados, nous avons sauté l’étape fanzine pour assez rapidement lancer des projets d’albums. Les deux albums réalisés à cette époque avec Johannes s’inscrivaient dans ce cadre. On jouait plus ou moins à faire de la BD, sans plus d’ambition, même si ces albums étaient publiés (voire pré publiés) et se vendaient tout à fait honnêtement dans les librairies alsaciennes. Je suis ensuite entré chez Glénat, avec Claude Guth, alors que Johannes entamait une carrière de jeune cadre dynamique dans une entreprise. C’est lui qui a décidé en 2003 de refaire de la BD. Moi, je ne pouvais qu’être d’accord, car c’est un vrai plaisir de travailler avec lui..
Après Dies Irae, Dark est le second récit que tu réalises avec ton épouse Isabelle Mercier et le dessinateur Max. On ne change pas une équipe qui gagne ?
Roger Seiter : Tout d’abord, Isabelle a collaboré à sept autres albums, chez Glénat et Delcourt notamment. Isabelle a une formation de lettres modernes. Elle possède un talent et une qualité d’écriture que l’historien que je suis n’a malheureusement pas. Ceci étant, tous mes projets ne l’intéressent pas forcément. Pour en revenir à Dark et Dies Irae, les dialogues d’Isabelle ont réellement donné une autre dimension au récit. Elle n’aime pas que je dise cela, mais elle devrait écrire des romans. Sa modestie naturelle ne la porte malheureusement pas à ça et elle reste à mon avis beaucoup trop en retrait par rapport au travail fourni. Quant à Maxime Thierry, il s’agit, comme dans le cas de Johannes Roussel, d’un ami, doté de surcroît d’un immense talent. J’espère pouvoir encore travailler très longtemps avec lui..
On sent dans Dark une volonté d’aller plus loin dans l’épouvante en BD. Peux-tu nous livrer quelques astuces narratives pour y parvenir ?
Roger Seiter : Avec Dark, l’idée est d’explorer l’univers du surnaturel et de l’occulte. Quand j’ai lancé le projet Dies Irae, je me suis énormément documenté sur ce sujet. Quand je parle de documentation, je parle de lectures, pas de films. Le problème dans Dies Irae, c’est qu’on vivait l’intrigue à travers le regard de Théo Thomas, qui était presque un adolescent. C’est pourquoi Dies Irae est en quelque sorte un prologue à l’univers de Dark, qui est beaucoup plus sombre, plus adulte. J’aime beaucoup l’œuvre de Maxime Chattam, que j’ai rencontré récemment. Curieusement, nous avons suivi un peu la même évolution. Son premier roman, Le Cinquième Règne, met en scène des ados américains. Alors que les romans plus récents, comme L’Âme du Mal, se déroulent dans un univers beaucoup plus adulte. L’approche graphique de Maxime est d’ailleurs différente. Ceci étant, contrairement à Maxime, je n’ai personnellement aucune culture en matière de films d’épouvante ou même de littérature du même nom. Je n’ai donc pas, à vrai dire, d’astuces narratives à vous révéler. D’ailleurs, cela ne m’intéresse pas vraiment. Je préfère développer mon propre univers dans Dark. Et j’espère que vous trouverez cela très surprenant. Ce sera en tout cas très personnel..
A part les séries en cours, as-tu d’autres projets à venir ? Quoi, comment, avec qui ? On veut des scoops !...
Roger Seiter : J’en ai déjà un peu parlé. Donc, tout d’abord une série sur l’univers de Poe, avec un dessinateur qui s’appelle Jean Louis Thouard. Le tome 1 devrait sortir pour janvier 2008. Ensuite, un western assez dur qui se passe en 1810, avec Vincent Wagner, qui devrait mener de front les deux séries (Mysteries et le western). Ensuite, des projets plus vagues, avec peut-être un autre album se passant dans l’univers victorien, autour d’un navire nommé le « Great Eastern ». Un bateau gigantesque construit à Londres en 1856, avec un destin très particulier. Ce serait un récit à la fois policier et steampunk (à cause du décor), peut-être avec Christian Maucler. Et puis, un autre projet, plus personnel, qui se passerait en Alsace en 1942. Avec toutes les séries en cours, ça fait déjà pas mal de choses….
Si tu étais un bédien (un habitant de la planète BD !), quelles seraient les BD que tu aurais envie de faire découvrir aux terriens ?
Roger Seiter : Houlà, la liste risque d’être longue. Pour ne parler que des albums récents que j’ai bien aimé, je citerai le tome 2 de Chéri Bibi, de Bertho et Boidin, chez Delcourt. Un superbe dessin, une superbe mise en couleurs et un très beau récit. J’ai bien aimé aussi Le magasin Général, de Loisel et Tripp et le tome 1 de Malone, de Rio et Rovero, un excellent polar. Et puis, un ouvrage plus ancien, mais que j’ai lu récemment. Il s’agit de Trois Eclats Blancs de Bruno Le Floc’h. Vraiment un bel album et une belle histoire..
Si tu avais le pouvoir cosmique de te téléporter dans le crâne d’un auteur de BD, quel serai celui (ou celle) chez qui tu élirais domicile ?
Roger Seiter : Je vais te surprendre, mais probablement dans celui de Franquin, au paradis des auteurs absolument incontournables…
Roger Seiter, un grand merci !
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