L'histoire :
En juin 1940, une colonne de blindés allemands traverse l’Est de la France en direction de Besançon. L’invasion nazie est en marche, sans rencontrer la moindre opposition. Soudain, deux avions non identifiables, de formes curieuses, font leur apparition et mitraillent les blindés. En raison de la vivacité des appareils et de leur puissance de feu, les allemands n’arrivent pas à s’organiser pour riposter. Les deux avions font une véritable hécatombe… Enfin, la mitraille allemande parvient à toucher l’un des deux avions, qui va s’écraser dans un étang proche, à 25 km de Luxeuil-les-bains. L'autre parvient à s'éloigner. Cette anecdote de guerre est racontée à Guy Lefranc par la fille de l’unique officier allemand rescapé. Elle demande au journaliste d’enquêter pour savoir ce qui s’est réellement passé, car elle ne trouve nulle trace de cette attaque par des prototypes dans les récits de guerre. Le sujet intrigue Lefranc qui accepte de mener quelques investigations. Dès le lendemain, ce dernier se rend au ministère des Armées français, place Vendôme et réclame de pouvoir consulter les archives. Un secrétaire le fait patienter et lui propose finalement de remplir une demande écrite qui sera ultérieurement examinée… Lefranc sent monter le coup du « secret défense » qui va le faire tourner en bourrique. Il décide de se rendre sur place pour tenter de retrouver la trace de la carcasse de l’appareil abattu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le synopsis de ce 33ème épisode de Lefranc a jadis été conçu par Jacques Martin himself, père du célèbre journaliste de bande dessinée. Et c’est l’équipe Roger Seiter / Regric qui se charge de le concrétiser aujourd’hui, dans le classicisme le plus respectueux de l’œuvre du maître. Même si elle démarre par un flashback au début de la seconde guerre mondiale, l’intrigue prend ensuite pour contexte l’année 1953, soit l’époque des tout premiers Lefranc. Jean-Jean est absent, mais notre héros sera accompagné d’une jeune femme, une allemande, fille de l’ennemi d’antan… avec laquelle naitra une idylle (hors champs). L’intrigue confronte nos héros à la « Grande Muette » autour du sujet d’avions prototypes ayant secrètement agi durant la seconde guerre contre les nazis. L’armée française cherche à dissimuler une honte ; Lefranc et sa charmante compagne cherchent à la révéler, dans un élan mémoriel. La dimension rocambolesque des prototypes est en phase avec les Lefranc piqués d’espionnage des débuts (La grande menace, les portes de l’enfer, Opération Thor), même si la finalité est bien moins despotique que les délires hégémoniques du grand méchant Borg – absent de l’aventure, lui aussi. Fort correctement découpée par Seiter, cette enquête d’espionnage reste tout de même très sage. Regric confirme quant à lui qu’il est bien l’un des plus fidèles continuateurs de la charte graphique jacquesmartinienne, avec un dessin encré réaliste minutieux aussi soigné sur les personnages que les décors.