L'histoire :
En décembre 1954, par une météo enneigée, Lefranc accueille JeanJean sur le quai de la gare de Strasbourg. Les deux amis sont de retour en Alsace peu de temps après avoir été confronté à l’affaire de la Grande Menace. Ils veulent faire un peu de tourisme et commencent bien entendu par la cathédrale. Ils font alors connaissance avec une jeune fille qui vient de perdre son écharpe. Enchantée par leur bienveillance, elle se présente, Eline Van Dijck. Elle vient d’Afrique du Sud et elle est accompagnée par sa préceptrice Ruth et un garde du corps, José Tavarès. Par coïncidence, les deux groupes se croisent de nouveau quelques temps plus tard devant les portes du Haut-Kœnisbourg. Leur bonne entente les enjoint à décider de faire leur tourist-tour alsacien ensemble. Ils partagent ainsi leurs repas dans des auberges et une journée de ski au Champ du feu. Mais une nuit, alors qu’ils dorment au sein du même hôtel, Lefranc est réveillé par un coup de feu. Il reconnait la voix de Ruth qui crie « A l’aide ! » Ils découvrent la préceptrice au sol, l’épaule en sang. A moitié inconsciente, elle parvient tout de même à avertir Lefranc : Eline vient d’être kidnappée par deux hommes armés. Tavarès est quant à lui introuvable. Les gendarmes sont appelés, mais ils se révèlent particulièrement incompétents à débuter l’enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo Roger Seiter et Régric officie sur la série classico-classique Lefranc tous les 2 tomes, depuis le tome 25. Et c’est pour un retour en Alsace – région de résidence du scénariste – dans la suite quasi directe de la Grande Menace, en décembre 1954, avec un JeanJean adolescent. Pour autant, il n’est pas question de complot terroriste et hégémonique ; Axel Borg est cette fois totalement absent du casting. Notre héros journaliste est confronté à une affaire de kidnapping et de chantage, qui l’oblige à voyager jusqu’en Afrique du Sud. Ce type d’intrigue est d’ordinaire un classique du western : un cupide prospecteur veut racheter des terres riches en minerais, mais devant le refus obstiné du propriétaire actuel, il ne trouve rien de plus efficace que de kidnapper sa fille pour le forcer à signer. Le braconnage des animaux sauvage dans la réserve naturelle africaine est donc une fausse piste ; l’époque trouble de l’Apartheïd prend en revanche toute sa place dans le dénouement. De son côté, Régric satisfait une nouvelle fois relativement fort bien aux canons de la ligne claire encrée et réaliste mise au point par Jacques Martin. Les personnages sont maîtrisés – un hommage semble rendu au créateur de Lefranc, à travers le personnage de Geert Van Dijck, qui lui ressemble curieusement dans ses dernières années (cf. p.27) – et les décors ne sont pas négligés. Sur ce plan, le dessinateur est aussi à l’aise pour la phase de tourist-tour alsacien sous la neige, que les plans larges sur la savane africaine.