L'histoire :
Jeune fille-tronc, Poly a entraperçu dans une pierre divinatoire le visage de son futur époux. Quelques instants plus tard, le garçon en question, Angus Powderhill, fait irruption dans sa vie. Mais la belle histoire d’amour escomptée a comme un goût d’amertume. Non seulement Angus ne s’intéresse pas une seule seconde à elle, mais il a un tempérament des plus agressifs. Obsédé par l’accomplissement de son destin, il a enlevé un magicien pour rejoindre un monde parallèle, le Rianker. Aride et inhospitalier, ce monde comporte un unique noyau de verdure, sorte de profusion végétale, habité par une multitude d’espèces différentes. Mais le passeur-magicien n’a pas transporté tout le monde au même endroit. Angus et Elabeth, le démon qui se trouve en lui, se sont matérialisés au cœur d’un arbre fleur. Poly, Tibuc, Tyll et le géant Shiffoun apparaissent en plein désert avec un soucis de taille à gérer : Shiffoun a laissé un pied dans l’autre monde lors du voyage dimensionnel. Il commence à se vider de son sang…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois de plus, une prophétie dicte le scénario d’une BD. Pourquoi Poly suit-elle Angus et pourquoi Angus agit-il ainsi ? Parce que la prophétie le demande, pardi !. Ce biais narratif est un peu facile mais caractéristique de l’heroic-fantasy. Si Luc Brunschwig (Makabi, Vauriens, le pouvoir des innocents, l’esprit de Warren…) a ainsi recours à la facilité pour installer la quête de ses héros, il conserve néanmoins tout son savoir-faire quand il s’agit d’en élaborer les étapes. Les rebondissements imprévisibles rendent ce récit prenant. Dès les premières planches de ce scénario hétéroclite, on se demande où Brunschwig veut en venir. Puis, peu à peu, les intrigues biscornues finissent par former un tout cohérent et particulièrement pertinent. Le dessin de Vincent Bailly se distingue de l’ordinaire par un trait très stylisé. Mais les formes insolites des créatures et les décors tordus ne sont pas toujours simples à différencier. Une aventure fantastique qui s’étale, une fois n’est pas coutume, sur 56 pages, bien remplies.