L'histoire :
On ne présente plus Jean Giraud et son double intérieur Moebius. Mais connaissez-vous vraiment celui qui a révolutionné le western et la science-fiction, celui qui a fait les beaux jours du journal Pilote et de Métal Hurlant ? Si on connait bien ses bandes dessinées au style unique et changeant, on connaît mal ses tentatives et essais de jeunesse. L'artiste publie ses premières planches alors qu'il est à peine âgé de 17 ans. Que ce soit en noir et blanc ou en couleurs, le dessin change au fur et à mesure de sa carrière, mais aussi de ses rencontres. Fortement influencé par le style graphique de Joseph Gillian, Giraud crée aussi très vite Moebius, influencé par l'industrie Mad. Ses débuts dépendent beaucoup de ses amitiés avec des auteurs et des artistes. Il plongera dans le western avec son ami Jean-Claude Mézières, mais va aussi inventer quelques petites histoires, tantôt sous le signe de l'aventure, tantôt humoristiques, ou tantôt politiques. Il dessine déjà pour des futurs grands comme Pierre Christin ou Patrice Leconte. Bref, Jean Giraud se fait remarquer pour ses débuts...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les Humanoïdes Associés publient une réédition de Le lac des Émeraudes, la première datant de 1981. Cette nouvelle version au format plus grand reprend les petits premiers pas du célèbre Jean Giraud, père de Blueberry et de John Difool. De petits travaux de commande en histoires complètes, le fan émerveillé découvrira avec surprise les tâtonnements graphiques de Gir. Avec des thèmes variés, plus disparates encore que la Rubrique à brac, on passe ainsi de la vengeance du chevalier La Grandière à la vie quotidienne de Selim au Maroc, puis à la chasse aux émeraudes ou encore à la tentative d'explication de la monnaie anglaise. Tous les genres (ou presque) sont abordés : l'aventure, l'humour, la SF, le cape-et-d'épée, le western... On a même un roman-photo façon western parodique qui explique comment Jean Giraud a été recruté par le journal Pilote ! C'est donc une mine d'or (de l'artiste perdu) que tout bon collectionneur sera ravi de posséder, car on assiste à la maturation progressive de l'artiste de génie. Il faut cependant être honnête : le tout est très inégal et beaucoup d'histoires ont finalement peu d'intérêt au niveau scénario. C'est beaucoup plus le reflet d'une époque qu'autre chose. Certaines planches sont des pastiches de genres ou des parodies à peine voilées d'autres bandes dessinées. Mais on pourra regarder avec tendresse les maladresses du débutant en terme de dessins. Il sera même parfois difficile de reconnaître la patte du maître sur certaines histoires. D'autres cependant montrent déjà l'immense potentiel de Jean Giraud. Cette version rajoute une belle postface de Claude Ecken, critique littéraire et écrivain français. Avec force détails et informations privées, on en apprend encore plus sur l'un de nos plus grands auteurs de BD. Tout fan se devra de posséder cet ouvrage qui sent la nostalgie, pour compléter sa collection, tel un collier d'émeraudes...