L'histoire :
Aux pieds de ces montagnes, la neige recouvre les pierres et les quelques arbres clairsemés qui composent la forêt. Un guerrier progresse discrètement. Pendant sa chasse, il se remémore ce qu’il doit à son père, la vie sauve, et à sa mère, l’instinct de survie. Au détour d’un bosquet, il parvient enfin à soumettre la fuyarde. Celle-ci terrifiée remet à l’homme à l’écusson de dragon, le coffret qu’elle portait ainsi qu’une dague ciselée au sceau de sa guilde. Puis le chevalier relâche sa proie, tout heureux d’avoir récupéré le trésor. Il ignore que, non loin, l’attendent les compagnons de la belle, en embuscade. Armé d’une simple lance, le combat tourne court… Qu’importe son armement, la véritable force du jeune homme est en lui : il est un fils du pacte ! Incapable de cracher du feu ou de souffler un froid glacial, il projette en revanche une nuée verte et acide qui réduit ses ennemis en bouillie. Plus haut, tapi dans une caverne, son père, un dragon, l’attend. La créature gigantesque, aux ailes majestueuses et à la peau d’écailles, veille sur son héritage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le genre est décidément à la mode et particulièrement fécond ces derniers temps, en BD. Depuis le succès mérité de Lanfeust de Troy (Arleston, Tarquin), sans pour autant sous-entendre que rien n’existait auparavant (relisez la Légende des contrées oubliées de Ségur et Chevalier), on ne compte plus les auteurs qui s’essayent à l’héroïc-fantasy avec plus ou moins de réussite. Le potentiel commercial du genre encourage de même les éditeurs à multiplier les séries. En découvrant ce tome inaugural de Dragonseed, un premier réflexe consiste à associer les éléments narratifs et graphiques reconnus, donc inspirés (?) d’autres sagas. Ainsi, le titre « De cendres et de sang » rappelle ceux choisis par Ségur et Chevalier (la Saison des cendres, le Sang des rois) ; le thème évoque la Geste des chevaliers dragons (Ange), surtout que le dessin signé Guerrero et Jimenez possède cette virtuosité dont Varanda est coutumier (t.1 Jaïna). Enfin, ajoutons que l’intrigue et les personnages, chevalier et succube en majesté, suscitent des parallèles faciles avec les débuts des Chroniques de la lune noire (Froideval, Ledroit). Mais arrêtons là cette vaine énumération. Le récit bâti par Kurt McClung démontre suffisamment de qualités pour ne pas se résumer à l’addition de références si judicieuses soient elles. Posé, introspectif mais rythmé, classique, attendu et néanmoins surprenant : preuves a contrario de sa personnalité. Et qui sait si bientôt on ne dira pas : « voici qui fait penser à Dragonseed »…
