L'histoire :
Cette histoire débute au printemps de l’an 283, de l’ère Shiranui, sous le gouvernement Bafuku. La population est alors composée de différentes castes, dont celle des Hinin située en tout en bas de la hiérarchie. Ses ressortissants représentent moins que des sous-hommes aux yeux du reste de la population, et ce de manière héréditaire. Pourtant, à en croire les colporteurs et marchands de rue, il existe un moyen simple d’échapper à cette condition : le port d’un masque. Samouraï ou démon, on peut devenir qui l’on souhaite. Et c’est sans doute ce qui permit au désormais Noble Fudo d’accomplir son destin. Quelques années auparavant, lorsqu’il était enfant, il trouva en effet un masque légèrement ébréché dans les ruines d’un village mis à sac. L’adolescent décida malgré cela de le garder. De bon ou mauvais augure, il verrait bien. Il eut de fait tout de suite l’occasion de l’étrenner. Regagnant la plage, il se para du masque pour prendre la défense de sa sœur aînée victime de la vindicte d’un jeune noble trop sûr de lui. L’identité du mystérieux redresseur de torts fut préservée. Mais pour combien de temps ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Izunas, cette série est la seconde à paraître dans la continuité du succès de la Légende des Nuées écarlates. De plus, Valerio Tenuta a cette fois choisi d’en assurer et le scénario ET le dessin. L’italien marque ainsi son attachement à un personnage honni du premier cycle, mais terrible dans tous les sens du terme, le démoniaque Fudo. L’histoire nous ramène des années en arrière. Le cadre historique est encore celui du Japon médiéval ancestral, parfaitement rendu tant socialement que visuellement. Le trait virtuose de Valerio Tenuta n’a rien perdu de sa superbe. Ses planches offrent une rare nuance de tons, démontrant la maîtrise exceptionnelle que l’artiste a atteinte. Des années avant Raido donc, Fudo n’était encore pas le Mal incarné ; mais le lecteur verrait comment et surtout pourquoi il allait le devenir. Tel est le ressort de l’intrigue de ce premier tome, qui peine un peu et prend son temps, avant de saisir son lecteur, enfin. Fidèle à la pensée nippone, étrangère au manichéisme, on assiste au dévoiement d’un adolescent conduit par un certain déterminisme sociétal à devenir ce démon qui lui semblait pourtant étranger. Autant intéressante que cette analyse puisse être, souhaitons que la suite nous réserve plus de surprises et réussisse à se hisser au niveau d’une esthétique irréprochable.
