L'histoire :
Le premier souvenir de Fadi Sattouf est dans le jardin de sa grand-mère, au Cap Fréhel, en Bretagne. Il doit avoir à peu près 2 ans et il a l’impression d’être la lumière qui éclaire le monde. Le jour de Pâques, quand les cloches sont de retour, Riad et Yahya, ses frères ainés, ramassent tous les œufs Kinder et ne lui en laissent aucun. S’il veut des œufs, Riad lui suggère de prendre le chemin qui le mènera vers le monde magique. Suivant ses recommandations, Fadi quitte la maison de sa grand-mère jusqu’au moment où il s’égare. Fort heureusement, sa mère, la plus belle chose du monde, le retrouve en larmes sur la route et le ramène jusqu’à la maison. Riad et Yahya se font sévèrement gronder et sont privés de leurs friandises que Fadi va manger gloutonnement, sous le regard attendri des adultes de la famille. Le souvenir suivant, Fadi a 4 ans et la famille se trouve à Rennes. Sa mère a une maladie, le cancer, qui lui faisait perdre énormément de cheveux, mais qui ne l’empêche pas de s’occuper tendrement de ses enfants. Quand Riad rentre du collège, il passe du temps à dessiner. Un soir, alors que les 3 garçons sont couchés, débarque sans prévenir le père des enfants, venu leur faire une « surprise ». La mère de famille est furieuse. C’est le premier souvenir clair que Fadi a de son père.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans son autobiographie à succès L’arabe du futur, Riad Sattouf livre ses souvenirs d’enfance et d’adolescence entre la France et le Moyen-Orient. Il y relate également les relations avec son père, un homme particulier, dur, qui va devenir de plus en plus religieux, raciste et va qui va être rapidement en rupture avec sa famille. Dans le 4ème tome de la série qui en comprend 6, le père de Riad kidnappe son dernier fils, Fadi, pour l’emmener en Syrie avec l’espoir que son ex-femme et leurs 2 enfants le rejoignent. Le jeune Fadi ne reverra pas sa mère durant plusieurs années. Cette série qui pourrait être considérée comme un spin-off est le récit de cet enlèvement et des années passées par Fadi dans un pays rude, avec un père qu’il ne connaît pas. Riad Sattouf s’est appuyé sur des histoires qu’il a recueillies en 2011 et 2012 auprès de son frère. L’histoire de Fadi est par de nombreux points très proche de celle de Riad décrite dans le tome 2 de L’arabe du futur : on retrouve notamment les conditions de sa vie d'écolier dans un village rural syrien, les relations entre les enfants, la violence des instituteurs, etc. Ce récit touchant met évidemment l’accent sur la détresse affective de ce petit garçon d’à peine 5 ans qui est coupé de sa mère et du reste de sa famille. La personnalité du père est également centrale, entre son caractère manipulateur, sa violence, sa volonté d’afficher une certaine réussite sociale ou encore son acharnement sans borne à vouloir rapatrier femme et enfants en Syrie. A l’instar de son autobiographie, Riad Sattouf a conservé la même technique narrative et fait donc parler son frère sans filtre avec ses mots d’enfant. Graphiquement, Riad Sattouf a conservé le principe des codes couleurs en fonction des lieux où se déroule l’action, des émotions ressenties ou encore lorsqu'il s’agit de rêves relatés.
