L'histoire :
Teddy vient de faire l’amour dans le jardin avec sa copine, et pour tous les deux, c’était trop bien. Par contre, en contemplant le corps rassasié de sa copine, Teddy se demande soudain ce que ça doit faire d’être une fille. Il aimerait bien connaître les sensations d’une fille pendant l’amour. Il ne lui en faut pas plus pour prendre la décision de changer de sexe. Quelques jours plus tard, il toque à la porte de ses potes Andros et Archi. Il a les cheveux longs, de gros seins, une jupe moulante jaune, il dit s’appeler Jamie-Lee et il leur propose de les sucer pour faire connaissance… Ses potes reconnaissent Teddy et hallucinent ! Une fois dans le salon, Teddy leur explique sa décision sur un coup de tête et il leur montre ses seins et son sexe féminin. Andros trouve ça super bien fait et il commence à titiller le clitoris de Jamie-Lee… mais Jamie-Lee se lève d’un bond. Il faut qu’il/elle trouve des meufs lesbiennes pour tester le plaisir d’être une femme. Car oui, ça n’est pas parce que Teddy a changé de sexe qu’il/elle a aussi changé de sexualité ! Il/elle aime toujours les femmes et il/elle va tout droit retrouver ses copines Fragola et Lili dans une boîte de nuit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Surprenant, toujours, ce Morgan Navarro. 10 ans après le tome 1, sous prétexte de grosse déconne et de BD Cul (le nom de la collection des Requins Marteaux), l’auteur pose en effet de formidables questions de fond sur le genre. Comme pour le tome 1, cette suite met en scène des personnages aux formes totalement fantaisistes. Il y a le pote qui a une tête de triangle, la copine en forme de fraise, la madame brique, le monsieur éléphant… Et tous évoluent dans un environnement urbain contemporain, dévoilant des atouts charnels parfois bien réalistes, des postures et des gros plans pour le mois suggestifs. L’époque est même un poil plus que contemporaine, puisqu’elle permet le changement de sexe, comme on change de voiture. Ainsi dès la 4ème page, après une ellipse de quelques jours, notre héros Teddy est devenu une héroïne et il réclame qu’on l’appelle Jaimie-Lee. Son traitement hormonal, ses opérations, sa cicatrisation et la reconnexion nerveuse inhérente ne sont que formalités. Puisque cette grosse facilité scénaristique se met au service des questions d’identité qui s’ensuivent, on l’accepte. Car voici Jaime-Lee qui veut rapidement redevenir Teddy. Sa bite lui manque ! Et en fait, comme il est intrinsèquement hétéro, même s’il se réclame de l’amour libre, devenir une fille l’oblige à devenir lesbienne… et cela provoque tout un micmac identitaire et sexuel dans son entourage. Par exemple, il devient une conquête pour ses potes, voire une faible proie pour les violeurs… et tout bascule lorsqu’il trouve son homologue inversé mascu-féminin, auquel on a greffé sa propre bite. Bref, c’est totalement délirant et foutraque, mais ça pose de vraies questions sur la transidentité et l’orientation sexuelle.