L'histoire :
Dans une rue de Brooklyn, Teddy croise son pote Flamby, qui a changé de business-model : il ne vend plus du LSD, mais des filles. D’ailleurs il en propose une à Teddy, là, tout de suite, une affaire à saisir ! Teddy hésite, lui qui n’a jamais eu besoin de pute pour faire ça… mais l’argument du savoir-faire a raison de lui. Il se retrouve dans une chambre, avec une lapine, pour 300, qui lui parle skate-board tout en le suçant…
Un jour, la jeune Marion, étudiante en beaux-arts, sonne à la porte de Teddy. On lui a dit qu’il était dessinateur et elle veut faire un stage chez lui. Tout gêné, Teddy accepte. Durant une semaine, elle est là, derrière son épaule, à dire que c’est trop bien ce qu’il fait et à le vouvoyer… et lui fantasme comme un gros malade. Jusqu’au jour où elle lui demande de lui faire un dessin sur les fesses, pour le transformer en tatouage ensuite. Teddy fait alors courir son crayon à des endroits bizarres…
Sur une plage, un pote de Teddy revient de la baignade en lui annonçant un truc de fou. La rousse, là-bas, dans l’eau, l’a sucé subitement, sous l’eau, sans rien demander. Teddy décide d’en profiter et part se baigner. Or, il se trompe de « rousse » et glisse sa main sous l’eau entre les cuisses d’une femme mariée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Morgan Navarro délaisse un temps son Flipper le flippé pour exploiter le filon de l’érotisme à travers ce petit recueil souple, Teddy Beat. Toujours publié par Les requins marteaux, au sein de l’explicite collection BD Cul, l’ouvrage réunit 5 historiettes friponnes (et un prélude romantique) parfaitement calibrées pour parvenir à leur fin : l’excitation du mâle esseulé qui a le besoin passager de se vider les roubignoles. Et pourtant, le dessin (souvent) simpliste de Navarro, ainsi que ses aplats de couleurs décalés, ne sont pas franchement des mieux galbés pour restituer les courbes, positions (et orifices) théoriquement requis pour enclencher le processus magique chez le lecteur hétéro. Comme quoi, avec un dessin tout con, ça marche aussi, pourvu qu’on sache y faire. Ici, les persos sont tantôt normaux, tantôt zoomorphiques (petites truffes, oreilles de lapins…), tantôt polymorphiques (la femme en brique, le géant avec sa tête triangulaire…). Et en fait, on s’en fiche un peu. La véritable démarche intellectuelle des historiettes de Navarro semble surtout de focaliser sur la narration de bons gros fantasmes masculins. Ainsi, vous ferez une première expérience avec une prostituée, vous profiterez d’une occasion inouïe pour vous taper la stagiaire-trop-jeune-mais-tant-pis, vous vous ferez sucer par des rousses inconnues sous l’eau, vous aurez une voisine de camping nymphomane avec de gros nichons, et vous participerez à une partouze sous ecstasy avec des hippies. Trop cool. Dernier atout, et pas des plus négligeables : judicieusement enfilé à l’arrière de votre jean, le format poche de l’ouvrage vous permettra de faire illusion en faisant croire que vous allez aux toilettes passionné par un roman classique.
