L'histoire :
Jean-Michel rend régulièrement visite à mémé Paulis, une vieille dame presque aveugle et en fin de vie... mais ça ressemble bien à une petite entourloupe. Plus loin, deux jeunes de banlieue qui s'ennuient, apprennent que leur pote part en vacances dès demain matin. Problème : il a pas un rond et mange 15 jours par mois ! Impossible d'y croire... et pourtant, le lendemain, tout ce petit monde va se retrouver... Socrate, lui, fantasme sur sa voisine la boulangère, qui ne cesse de lui offrir comme paysage les courbes rebondies de sa poitrine. L'impression d'être pris en faute, il détourne le regard et sent ses pieds quitter la terre ferme. Un jour, il décide de prendre le taureau par les cornes et d'aller lui dire trois mots... Devos doit faire un spectacle. En première partie, un jeune et obscur groupe est accueilli par les spectateurs, puis hué. Un fiasco ! Ça se passe dans les années 60 et le chanteur est un certain Johnny...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réalisés au fameux Bic, à l'aquarelle ou au feutre, la plupart des travaux de commande, réunis ici par l'éditeur Les Rêveurs, révèlent toujours la même conscience sociale qui porte et habite l'ensemble des livres de Baru, non sans un humour grinçant, d'ailleurs. Il décrit la vie gens dans leur ennui quotidien ou des faits de société de la façon la plus simple. Au travers de courtes saynètes (3,4 planches), toutes précédées d'une petite introduction, Baru raconte des anecdotes, conte des trajectoires, se moque avec férocité ou tendresse et rend finalement un petit hommage à tous ces gens dont on ne parle jamais : les banlieusards et leur mal-être existentiel, les vieux et leurs petits arrangements, les acteurs de la bande dessinée, les soixante-huitards, les rockeurs et Johnny, les salauds de journalistes et bien d'autres. Malgré l'ampleur de la période balisée (20 ans), ce recueil, que Baru considère comme le catalogue qu'il aurait dû réaliser pour une exposition d'Angoulême en 2010, fait ressortir une patte et un ton inimitables qui créent une proximité immédiate, mais aussi révèlent une étonnante cohérence narrative et graphique. Du Baru dans le texte, intimiste et drôle, graphiquement toujours aussi rageur et travailleur, capable de livrer de magnifiques planches au lavis pleines-pages (les tranchées ou le mur de banlieue). Bien qu'un peu inégales, des raretés presque indispensables pour les amateurs de Baru.
