L'histoire :
Auteur de bande dessinée, Alfred a accepté une « résidence » à Lyon, afin de mettre en valeur le fameux théâtre des célestins. Il commence logiquement son boulot par une visite groupée du lieu, en compagnie d’un flot de touristes qui écoutent religieusement leur guide leur raconter l’historique de la bâtisse. Créé en 1792, à la place d’un ancien couvent, puis incendié, puis reconstruit et ré-inauguré en 1881 après sa restauration par l’architecte Gaspard André… Holala, quelle barbe ! Alfred croise le regard d’un chérubin en plâtre qui orne le tympan d’une ouverture rococo. Il lui semble que cet habitant des lieux se moque bien de lui. Il se met à le dessiner, car il lui faut bien commence par quelque chose. Evidemment, le temps de gribouiller cette tête rigolarde, le groupe auquel il s’était joint a disparu. Alfred se retrouve tout seul et un peu perdu… Il déambule à travers les coursives et les innombrables escaliers. Le soir tombe. Quand enfin Alfred retrouve le hall, les grilles sont tirées et cadenassées. Un clochard qui se trouve de l’autre côté lui confirme qu’il est coincé pour la nuit. Et il lui prie de ne pas tenter de forcer les ouvertures, car sinon l’alarme va se déclencher, la police va débarquer et lui va perdre son petit nid douillet qu’il s’est constitué pour passer la nuit. Alors Alfred repart à l’intérieur, esseulé, et il convoque ses souvenirs. Car le monde du théâtre ne lui est pas vraiment étranger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fils authentique de comédiens d’origine italienne, Alfred n’a jamais été attiré outre mesure par le monde du théâtre. Et pour cause, il s’est tout entièrement tourné vers la bande dessinée, un art qui ménage largement la nécessité de représentation publique et donc… le trac. Pourtant, lorsqu’une résidence d’auteur lui est proposée au Théâtre des Célestins, un bâtiment du patrimoine historique lyonnais, pour évoquer très justement de son mieux ce Théâtre des Célestins, c’est bien volontiers qu’il a accepté la commande. Car le monde du théâtre lui « parle » et se rappelle à lui comme une évidence. Le biais pour aborder un tel sujet n’est cependant pas si commode… Alfred se la joue donc humble touriste, en prenant la commande par le premier bout qu’on lui tend : une visite guidée. C’est alors que le lyrisme et l’inspiration prennent le pas et lui permettent d’aborder de manière relativement exhaustive ce haut-lieu de la Comédie, de par ses aspects abstraits (le travestissement du comédien dans un autre Moi, le strass, les lumières, le rayonnement culturel sur la ville…) et concrets (les coursives, les coulisses, l’entrepôt des costumes et des décors, la devanture, la toiture, les différentes salles, la scène, et jusqu’aux racks techniques). Sa griffe semi-réaliste se montre pour tout cela d’une souplesse et d’une précision idéales. Bien joué, Alfred !
