L'histoire :
Débarqué du bateau, aussitôt embarqué dans un taxi conduit par un aveugle lui même guidé par un singe capucin, il revient au pays. On sait de lui qu'il a 35 ans, qu'il est parti depuis 10 ans. Son travail d'architecte consiste à transformer l'église locale en salle de bal pour le carnaval. En effet, l'archipel est sous la loi du carnaval permanent, décrétée par le président autoritaire. Dans le sillage du lapin noir, on trouve tout d'abord le curé pendu au Christ géant de l'église, une Alice sombre qui rôde le soir dans les rues de son pays sans merveilles, un vieux musicien « melanlcoolique » (mélancolique et alcoolique). Un passé de souffrances et le lien du sang ont mené le lapin noir au pays de son enfance. Le poids de l'autocratie écrase le peuple depuis trop longtemps, le calme qui règne dans les rues, c'est le volcan qui gronde en silence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Carnaval est l'expression de la blessure coloniale à travers un récit orienté par des flashbacks. Le thème est intéressant et le dessin à l'aquarelle également, mais l'ensemble manque de rythme pour devenir vraiment palpitant. La montée en puissance se creuse en son centre, même si la fin relance l'intrigue. Un découpage en chapitres ou simplement une date au début des flashbacks, auraient aidé à la compréhension globale. L'homme au masque de lapin noir en sait plus qu'il ne nous le narre, on le comprend clairement à la fin de ce premier tome qui aura pris son temps pour poser le décor. Akalikoushin retrace une période sombre de l'histoire de la Guadeloupe, où la France a réprimé dans la violence des manifestations sur les droits sociaux. C'est ce sujet qui fait l'intérêt de cet ouvrage esthétique, mais lent : le colonialisme a mis du temps à comprendre ses erreurs, c'est peut-être pour ça. Le discours du président, lors d'un flashback, en dit long sur la réalité de l'époque, à la fin des années 60 dans les Antilles françaises. Attendons le numéro 2 avec une patience d'historien !