L'histoire :
La petite Qocha s’amuse à faire peur à son meilleur pote Kilari dans la forêt vierge, aux abords de sa cité Inca. Ils se rendent ensuite tous deux à l’école, en retard évidemment, puis disputent une partie de Pok-ta-pok, une sorte de football pour lequel Qocha excelle. Ainsi va son existence, innocente et malicieuse, au sein d’un foyer aimant. Or, un beau matin, son papa la réveille avec une grande nouvelle : les prêtres ont déposé un quipu chez eux qui stipule que Qocha est une accla ! C'est-à-dire une sorte de divinité promise immédiatement à un avenir « radieux » (le harem de l’Inca)… D’ailleurs, une montagne d’offrandes accompagne la cérémonie festive qui embarque Qocha à travers la cité. Légèrement émerveillée par ce qui lui arrive, sans trop comprendre, elle est finalement accueillie au temple par une vieille prêtresse qui lui explique quelques rituels. Le soir venu, Kilari retrouve sa copine et veut papoter avec elle. Mais d’abord, il faut semer ces deux gardes du corps désormais collés à ses basques. Ils piquent donc un sprint à travers le dédale des ruelles et manquent d’être capturés par un inconnu menaçant. Qocha apprendra plus tard qu’il s’agit de son oncle. Elle apprendra aussi que son sort est beaucoup plus funeste qu’initialement envisagé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la juste dose de rebondissements, de grosses frayeurs, d’humour et d’innocence, Qocha nous narre l’aventure initiatique malheureuse vécue par une petite fille au pays et au temps des Incas. Pour ce faire, le jeune auteur Lommsek immerge le lecteur dans la société précolombienne adéquate et historiquement connue, un contexte balisé et un minimum didactique. Ainsi un « quipu » (un ensemble de cordelettes tressées et nouées formant un message) déposé par un méchant « aucachic » (prêtre) la désigne « accla » (vierge choisie pour devenir concubine de l’Inca) alors qu’elle n’est qu’une enfant malicieuse. A partir de cette problématique de départ, elle va se heurter à des manigances politiques, se découvrir des origines insoupçonnées, se retrouver traquée et frôler la mort un paquet de fois. Impeccablement rythmée, cette aventure à hautes tensions couvre 118 planches, dessinées avec une griffe moderne, rapide mais maîtrisée. Auteur complet, Lommsek, est le vainqueur du prix « Révélation Blog 2009 » à Angoulême et sur le plan de la narration graphique, on constate qu’il maîtrise effectivement la majorité des compartiments de l’art séquentiel. De fait, Qocha est agréable, divertissant, mis en place avec savoir-faire… mais il manque tout de même pas mal d’originalité ainsi que le soupçon de « fond » en plus pour sortir ce one-shot de la masse.
