L'histoire :
En enquêtant sur le « suicide » de son ami Gérard, le jeune détective Lorenzo Panama s’intéresse de près à l’ex-petite amie suspecte du défunt. Cependant, dès qu’il rencontre Diane, Lorenzo est sous le charme. Un envoûtement quasi surnaturel se produit : il la suit jusque chez elle, où il découvre qu’elle se donne à trois hommes en même temps… avant de les rendre déments, comme possédés. Il est alors sauvé par un mystérieux flingueur, qui tue les déments à coup de fusil à pompe. Mais c’est trop tard : Diane s’est enfuie et Lorenzo est lui aussi totalement obnubilé par la jeune femme. Il en cauchemarde, il en vomit, il est en totale perdition sociale. Un couple d’inspecteurs de police le contacte pour tenter d’élucider le nouveau cas de « suicide colectif » (les 3 hommes)… et Lorenzo tait l’existence de Diane. Son voisin de palier, un quinqua prénommé Arthur, vient alors lui raconter une histoire incroyable : Diane est une succube, c'est-à-dire une démone uniquement motivée par l’âme des hommes trop faibles pour lui résister. Il est bien placé pour le savoir : il a jadis contribué à l’engendrer, alors qu’il aidait son professeur en chirurgie à sauver sa fille Marie de son autisme, en ayant recours aux sciences occultes. En effet, Diane est la fille de Marie et elle est particulièrement nocive…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ce diptyque nous donnait à suivre deux fil narratif a priori distincts. Le premier s’intéressait à des expériences occultes de chirurgie en 1986 et mettait en scène un chirurgien, son élève et leur cobaye transformé en monstre démoniaque… Le second suivait le détective Lorenzo de nos jours dans une enquête qui l’amenait à être « possédé » (dans tous les sens du terme) par une jeune femme. De manière logique et aboutie, cette suite va au bout de son propos d’épouvante, en reliant les deux histoires. Rapidement, des révélations sont apportées et l’intrique fantastique s’imbrique de manière cohérente. Les protagonistes de 1986 rejoignent Lorenzo à notre époque, pour un dénouement qui grimpe de plusieurs échelons dans l’horreur et dans l’érotisme, sans que le concert des deux paraisse incongru. Ces ingrédients sont ici intelligemment assumés et mariés par Renart, qui s’amuse avec les codes graphique du registre et sa mise en scène, avec une spontannéité de trait encore renforcée. Certes, c’est de la « nouvelle BD » avec son lot de « gribouillages », qui coincera les amateurs de « jolis traits », mais sur le plan artistique, c’est parfaitement maîtrisé, une griffe à suivre de près. Dans le fond, on peut aussi aborder cette histoire comme une métaphore du « mystère de la femme » (surnaturelles, fascinantes et ambiguë, pour Renart)… mais il faut avant tout prendre ce diptyque comme un récit de genre, options gore et possessions démoniaques. On se frotte les mains d’apprendre que Renart prépare actuellement le second tome de Rocher rouge, aux côtés d’Eric Borg…
