L'histoire :
Gastoon, 10 ans, est le neveu d’un certain Gaston Lagaffe, un célèbre salarié flémard et néanmoins inventif, qui est responsable du courrier chez un certain éditeur. Le garçonnet évolue aux côtés d’une bande de copains tout aussi malicieux que lui et toujours prêts à relayer ses bêtises. Ainsi, ils jouent par exemple avec un cartable en forme de ballon de basket : autant joindre l’utile à l’agréable. Gaffe toutefois aux catastrophes… Pour les remettre dans le droit chemin, ils peuvent compter sur une peau de vache de pion, nommé Lemat. Quand il n’est pas collé, Gastoon cherche à séduire sa copine Jeanne. Avec elle, il s’adonne notamment à l’une de ses lubies : l’écologie. Ainsi, il plante des arbres (bouffés par les chèvres) et peint la queue des rouges-gorges pour mieux les comptabiliser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vu de loin, ce Gastoon fleure à plein nez la resucée et l’exploitation commerciale d’un personnage culte du 9ème art… Pourtant, cette fois, on a toutes les raisons d’accueillir cette « nouvelle série » avec bienveillance. Primo, parce que le personnage de Gastoon existait bel et bien du temps de Franquin : c’est même lui qui l’a inventé et mis en scène, à l’occasion de quelques rares bandes dessinées publicitaires. De fait, a contrario du Petit Spirou, Gastoon n’est pas le « Petit Gaston » : c’est son neveu ! Il n’a donc pas son caractère flémard en devenir, mais rivalise tout de même d’espièglerie et… d’écologie (ça non plus, ce n’est pas nouveau même si, depuis, c’est devenu à la mode). Secundo, parce que l’équipe d’auteurs en charge de cette « reprise dérivée » est légitime et largement compétente. Les scénarii des gags sont en effet concoctés par le prolifique et vétéran Yann (qu’on ne présente plus) et son compère Jean Léturgie. Tous deux furent jadis collaborateurs de Franquin et reprennent ici son flambeau dans le pur respect de son œuvre. Les copains de Gastoon sont donc tous des rejetons des adultes bien connus (le petit Demaesmecker, la petite Jeanne…) et même la personnalité du flic Longtarin est transposée à travers celle du perfide pion Lemat. Certes, les scénaristes restent tièdes et grand-public dans les ressorts comiques de cette première approche : les gags demeurent un chouya bon enfant et mériteraient de gagner en puissance zygomatique au cours des tomes à venir. La causticité de Yann insuffle néanmoins pas mal de peps (et de second degré) à travers les répliques. Quant au dessin, il est assuré par Simon Léturgie (fils de Jean), que Franquin en personne a poussé, petit, dans la grande marmite de la BD. Son style graphique dynamique et humoristique s’inscrit lui aussi en tous points dans la lignée du défunt maître. Les décors sont détaillés et l’expressivité des personnages est soignée… On constate donc que l’éditeur Marsu prod, qui détient les droits de l’œuvre de Franquin, entendait ne pas faire n’importe quoi avec le charismatique personnage. Bref, il n’y a vraiment pas de quoi bouder ce premier tome. S’il ne fallait retenir qu’un argument, songez au plaisir de retrouver un décorum et des frimousses qui ont hameçonné nombre de lecteurs de BD…