L'histoire :
Il était une fois dans les bois... Une jeune maman prépare des gâteaux en forme de cœur, les met dans un panier et les confie à sa petite fille, qui doit les apporter à sa grand-mère. La petite fille met son chaperon et quitte la maison avec le panier à victuailles. Elle est si heureuse qu'elle profite de la nature et gambade dans la forêt. Pourtant, l'herbe luxuriante laisse place à une tour immense et sombre. La fille se sent toute petite devant un spectacle aussi impressionnant. Les murs sont tagués et la jeune fille ne peut cacher son admiration devant un tel ouvrage. Paradoxalement, elle semble aussi inquiète devant ce paysage sinistre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout le monde connaît l’histoire du Petit Chaperon Rouge. Mais peu de personnes connaissent le talent de Danijel Zezelj. L’artiste croate pose sa patte sur ce célèbre conte populaire français. Tous les épisodes narratifs bien connus y sont présents : le panier de nourriture pour la grand-mère, la balade dans les bois, le dangereux loup, le chasseur… Cependant, l’œuvre se démarque par son absence de textes et de dialogues. Zezelj est habitué à faire des BD sans paroles, laissant s’exprimer son dessin déjà très évocateur. C’est d’ailleurs une belle façon d’entrer dans l’univers de l’artiste car ici, nul besoin d’explications supplémentaires pour le lecteur, puisque les épisodes du conte sont vus et revus. Vous n’aurez pourtant jamais vu une illustration aussi puissante pour cette histoire. Même les graveurs les plus célèbres de l’époque peuvent s’avouer vaincus devant le talent brut de Zezelj. Son noir et blanc pénétrant et unique restitue parfaitement le voyage intérieur du chaperon qui découvre les violences de l’âge adulte. Certaines planches sont des tableaux qui vont laisseront totalement rêveurs devant tant de majesté et de beauté. L’art de Zezelj est unique et personne ne pourra y être insensible : son sens des cadrages et des perspectives, sa puissance des paysages et sa douceur des visages sont totalement envoûtants et invitent à la contemplation. Quelques passages sont d'ailleurs plus marquants que d’autres, comme le combat épique entre le chasseur et le loup ou la balade initiatique du chaperon. Zezelj ne peut s’empêcher d’y ajouter certaines de ses thématiques, qui apparaissent comme des obsessions visuelles entre ses œuvres : l’immensité des immeubles, les tags, la nature et sa luxuriance... Le jeu des ombres et des lumières est une vraie porte de salut. Ici, tout est bien qui finit bien (même pour le loup). Une reprise magistrale et moderne d’un conte classique.