L'histoire :
Après avoir longtemps parcouru la France, s’être arrêtés au gré des villages pour offrir aux petits et aux grands quelques instants de magie, Jeff et Clown avaient décidé de regagner la capitale. A Paris, ils trouveraient à s’employer auprès d’un forain et passeraient l’hiver « au chaud » dans la grande famille du cirque. Sur le chemin, ils croisèrent un brave type qu’ils surnommèrent vite le petit. Lui aussi souhaitait gagner la capitale, afin de retrouver sa fille qui ne donnait plus de nouvelles depuis quelques temps. D’emblée, une réelle complicité s’installa entre les trois hommes. Quand la roulotte arriva à destination, comme prévu Jeff et Clown signèrent un contrat auprès d’un entrepreneur peu généreux ; Jeff tomba amoureux ; et le petit partit à la recherche de sa fille. Cette dernière avait atterri dans un troquet sordide, devenue entremetteuse sous la coupe d’un certain Lepki…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire de Clown débuta en 2011 et fut saluée d’entrée par un prix du meilleur premier album au festival de Sérignan. Peu de choses, en somme, diriez-vous, mais quand même, Louis Le Hir commençait à se faire un prénom avec, à ses côtés, son père Jean-Louis, scénariste et dessinateur expérimenté (qui travailla notamment avec Didier Convard sur Sherlock chez Glénat). Ce personnage impose un physique impressionnant, adouci par le maquillage blanc et rouge, toujours souriant que veut son métier. Clown n’avait donc nul besoin de paroles pour exister. C’est pourquoi, peut-être, le choix d’une narration en voix « off » fut fait et plutôt que de creuser l’intrigue, Louis et son père préférèrent s’attarder sur la galerie de gueules façonnées par la vie qui l’entouraient. Concluant après American Clown une sorte de trilogie, cet album peu bavard vaut plus par son ambiance saisissante et froide, parsemée d’éclairs de bonheur, que par son histoire au final tragique mais banale. C’était, on s’imagine, le lot de beaucoup de « petits » durant ces années d’après-guerre que l’on dit folles, souvent cruelles. Bien restituée par un crayonné de qualité, des expressions et cadrages soignés, l’atmosphère de la capitale réussit à nous transporter près de cent ans en arrière. Tout ou presque passe par l’image et c’est sans doute pour cela que, malgré une impression de brièveté, cette lecture fait réfléchir et reste en tête. Le sourire d’un enfant rappelle enfin qu’en dépit des misères, la vie suit son court et qu’il console tout autant le clown qu’il s’en amuse !