L'histoire :
Ce qui l’avait d’abord fasciné, ce gamin de 10 ans, c’est la capacité de Masheng à attraper une mouche au vol avec deux doigts... puis de la gober. D’autant que le bonhomme n’a qu’un œil, qu’une main et qu’un pied. Mais c’est bien loin d’être son unique talent. Car Masheng attire aussi son monde grâce aux petites figurines qu’il fabrique avec minutie : des guerriers, des magiciens, des personnages légendaires ou de jolies princesses. Il a installé son stand prêt d’un passage sombre. Une place qui était autrefois l’endroit où l’on exposait les têtes tranchées des bandits. Masheng s’est définitivement attiré les bonnes grâces du gamin, le jour où il lui a offert la petite statuette du Brave Nie Zheng : un justicier spécialiste des arts martiaux, objet de nombreux contes et légendes. Et justement, les contes et les légendes sont un autre talent de Masheng. Un art qu’il suffit de provoquer avec une bonne bouteille. Le gamin prêtera alors l’oreille aux plus incroyables histoires de vengeances, dont de formidables guerriers sont les héros...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’invitation est appétissante, qui convoque un gamin, la morve au nez, à nous décrire sa rencontre avec un personnage étonnant (le fameux Masheng) : un sculpteur de figurines en pâte à pain doué, de surcroît, d’un talent de conteur hors-pair. Et qui surtout tire sa singularité de sa multi-infirmité : borgne, unijambiste et manchot. Ajoutez au tableau les rues crasseuses et miséreuses d’une ville chinoise (début des années 50 ?), des légendes avec guerriers, des vengeances option dramaturgie, pour obtenir un récit à forte attractivité. D’autant que la partie graphique soutenue par Zhang Xiaoyu en est le parfait écrin. Impeccablement mis en valeur par un jeu de couleurs magnifique et maîtrisé, des cadrages géniaux, une véritable science du mouvement et plusieurs « respirations » rappelant des estampes, le dessin porte effectivement l’ensemble avec talent. Seul le manque d’épaisseur du scénario et particulièrement de son intrigue, cadenasse un absolu engouement. Outre son final un brin rapide, le récit se contente en effet d’une esquisse en ne laissant pas à son potentiel épique, fantastique, poétique (?) voire psychologique, le moyen de s’exprimer véritablement. Ah ! Qu’on aurait aimé voir gratouiller le passé de ce sculpteur handicapé. Qu’on aurait voulu voir ce gamin ne plus se contenter d’être le spectateur inerte du drame qui se joue sous ses yeux. Bref, qu’on aurait aimé se laisser totalement absorber par la densité d’un conte empreint de surprises et de magie. Malheureusement, on restera ici un peu en surface, comme goûtant à l’ébauche d’un exercice plus consistant. Un auteur – en devenir – à découvrir, cependant.
