L'histoire :
En 1915, le SS River Clyde irlandais, engagé dans la première guerre mondiale, entre dans le détroit des Dardanelles sous le feu nourri des soldats turcs. Les dublinois mettent des chaloupes à la mer et échouent volontairement leur navire sur les récifs de la côte. 2000 soldats irlandais tentent de gagner terre, à bord de barges ou de passerelles. C’est une hécatombe, un carnage. Un des soldats brave la mort en prenant tous les risques. Il est pressé d’en découdre avec l’ennemi et il passe à travers les balles. Ce sergent George Marshall est de confession anglicane, mais il sauve néanmoins un catholique, un certain Sean Kimberley, lorsqu’il rejoint le rivage, en risquant sa vie. Cinq ans plus tard, Sean Kimberley est revenu au pays, indemne mais meurtri, de la grande guerre. Il est installé dans une ferme du comté de Kerry avec sa femme et ses enfants, dans une région en proie à un autre genre de conflit : l’indépendance irlandaise, vis-à-vis du colonisateur anglais. Sean est appelé en catastrophe au village : des blacks and tans (soldats britanniques de retour du front et regroupés en milice) viennent d’assassiner lâchement son frère. Sean tente de consoler sa veuve, habitée par un désir viscéral de vengeance. Sean, lui, ne veut plus participer à aucune guerre. Il a trop morflé dans les Dardanelles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Patrick Schneckenburger nous raconte ici une parenthèse tragique dans l’histoire de l’indépendance irlandaise, dans les années qui ont suivi la première guerre mondiale (1919-1921). On est encore loin du fameux Bloody Sunday (1972) chanté par U2, mais au cœur d’un conflit très violent emmené par Michaël Collins, et qui a abouti à la création de l’IRA. A l’époque, ce sont surtout les populations civiles qui ont subi les exactions des deux armées, comme le montre le destin de Sean Kimberley, héros de cette histoire, et de sa famille. Bien qu’historiquement documentée, la trame de fond reste très classique : les évènements poussent Kimberley à reprendre le combat armé, alors même qu’il était nourri par une idée pacifiste au lendemain de son expérience dans les Dardanelles. Au gré des embuscades, de la résistance et des altercations avec les anglais, il va être amené à affronter un ennemi très particulier, qui avait risqué sa vie en 1915 pour le sauver. Christian Peultier met son dessin en couleurs directes et en aquarelles oranges-ocre-vertes (des couleurs traditionnellement attachées à l’imaginaire de l’Irlande…) au service de l’histoire. Les rares fresques et les décors sont réussis, mais le dessinateur cadre vraiment beaucoup sur les personnages, qu’on a tendance à ne pas distinguer. Autre point noir, impardonnable dans une édition commerciale : la forte dose de fautes d’orthographe…
